Pour célébrer le 80ᵉ anniversaire du débarquement de Normandie, l'historien Jérémie Halais, auteur de L'essentiel du débarquement et de la bataille de Normandie, partage trois anecdotes méconnues de cet événement historique.
Depuis une dizaine d'années, Jérémie Halais corrige les idées reçues et les approximations historiques véhiculées par des œuvres, notamment les films Le Jour le plus long et Il faut sauver le soldat Ryan, afin de rendre l'histoire accessible sans compromettre la rigueur critique.
Ces histoires, absentes des récits populaires, nous plongent dans des instants de courage, d'incertitude et d'humanité qui ont marqué la journée du 6 juin 1944. L'occasion de célébrer cet anniversaire sous un nouveau jour et de rendre hommage aux sacrifices pour la Libération de la France. Jérémie Halais rappelle que les commémorations permettent de "montrer l'importance de la paix et de la coopération dans un contexte international tendu".
Le 6 juin 1944, lors du débarquement de Normandie, les parachutistes américains capturèrent un soldat qu'ils prirent d'abord pour un Japonais à cause de ses traits asiatiques.
Ce soldat, Kyoungjong Yang, était en fait Coréen. Né le 3 mars 1920 à Sinuiju, en Corée sous domination japonaise, Yang fut enrôlé de force dans l'armée japonaise en 1938. Capturé par l'armée rouge soviétique en 1939, il fut envoyé dans un camp de travail avant d'être incorporé dans l'Armée rouge en 1942 pour combattre sur le front de l'Est.
En 1943, Yang fut capturé par la Wehrmacht allemande à Kharkov et forcé de servir dans un bataillon de la "Légion de l'Est" en Normandie. C'est là, près d'Utah Beach, que les Américains le capturèrent. Interné dans un camp de prisonniers au Royaume-Uni, Yang fut libéré en 1945 et émigra aux États-Unis, où il vécut jusqu'à sa mort en 1992 sans jamais révéler son histoire à sa famille. Son récit fut tout de même raconté dans un film en 2011, intitulé : Far Away : Les soldats de l'espoir.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, quatre parachutistes de la compagnie I/506 ont atterri par hasard sous les falaises de la pointe du Hoc. Selon certains auteurs, Leonard Goodgal était l'un d'entre eux. Il se rappelle avoir sauté de l'avion endommagé au-dessus de la côte normande, son avion ayant été touché à l'arrière, obligeant le pilote à reprendre de l'altitude juste à temps pour permettre le saut. Goodgal, parvint à se rendre sur le rivage, où il fut rejoint par Raymond Crouch.
Ils furent bombardés pendant la nuit et, au matin, ils virent des navires américains s'approcher pour attaquer la pointe du Hoc. Ils rallièrent les Rangers du colonel Rudder et participèrent à l'offensive malgré les tirs et les grenades adverses. Goodgal fut blessé le 13 juin à Carentan lors d'une bataille sanglante, dite "Bloody Gully". Après cinq jours d'intenses combats à la pointe du Hoc et une brève réunion avec son unité, il s'engagea dans une contre-offensive allemande.
Toujours durant la nuit du 5 au 6 juin 1944, des parachutistes américains ont été dispersés sur le Cotentin. Dutch Schultz de la 82ᵉ Airborne, représenté par Richard Beymer dans Le Jour le plus long, quitte son unité et fait la connaissance des soldats de la 101ᵉ.
Mais le lieutenant Jack Tallerday du 505th PIR, 82nd AB, a raconté une autre rencontre inattendue, qui n'est pas présente dans le film, dans un témoignage envoyé à l'auteur Cornelius Ryan en août 1958. Tallerday, avec six ou sept de ses hommes, marchait le long d'une haie à peine éclairée par la lune, en pleine nuit. Alors qu'il s'approchait d'un groupe d'hommes venant de l'autre côté, Tallerday saisit son "cricket", un jouet qui émet un son dont les Paras se servent pour s'identifier. En entendant une réponse similaire, ils eurent d'abord l'impression de rencontrer des alliés.
Cependant, à cinq mètres environ, ils virent que les hommes en face étaient des soldats allemands, sans doute arrivés à la même conclusion. En dépit de la tension évidente et de la proximité, aucun des deux groupes ne tira. L'un à côté de l'autre, les deux groupes se déplaçaient silencieusement, comme des navires dans la nuit, dans un moment de suspension au cœur de la guerre.
J'ai souvent remarqué que les gens avaient une vision pas fausse, mais approximative et parfois biaisée du débarquement et de la bataille de Normandie, influencée notamment par des films (...)
Jérémie Halais, le 4 juin 2024, au micro de RTL.
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