Yves Fauvel a encore les yeux rougis dès qu’il raconte cette nuit du 6 juin 1944, où, entre 20 heures et minuit, la ville de Saint-Lô (Manche) a été bombardée par les Américains qui avaient pour mission de couper la route aux Allemands.
Durant cette nuit, ce sont près de 750 tonnes de bombes qui tombent sur la cité manchoise qui, au sortir de la guerre sera surnommée la "Capitale des ruines". 352 civils perdront la vie dans ces bombardements et Saint-Lô fut détruite à 95 %.
Yves, 6 ans cette nuit-là, habitait chez ses grands-parents, propriétaire d’une librairie située près de l’église Notre-Dame.
"Nous étions en train de dîner quand les bombardements ont commencé, raconte Yves à RTL. Nous sommes alors tous descendus à la cave. Mais une demi-heure plus tard et comme l’abri était trop petit, nous sommes allés dans la cave de la maison d’en face qui était beaucoup plus grande. Et là, par le soupirail, j’ai vu notre maison s’écrouler."
Sur l’initiative de son grand-père qui était dans la défense passive, toute la famille Fauvel s’est donc mise en route pour le souterrain qui avait été creusé par les Allemands sous les remparts de la ville pour y installer un hôpital militaire.
"Et là, nous avons traversé la place pour nous y rendre. Quand on est sorti, les bombes pleuvaient, les immeubles, les maisons étaient en flamme. Devant la cathédrale un homme avait la jambe arrachée et il hurlait et ma grand-mère a pris un éclat dans la jambe. Nous sommes rentrés dans l’abri et là, c’était l’horreur. On était près de 700, il y avait beaucoup de blessés, des gens qui hurlaient, un chirurgien qui opérait sans anesthésie. On priait beaucoup."
Saint-Lô était un champ de ruines
Yves Fauvel
Yves Fauvel, sa petite sœur, ses parents et ses grands-parents sont restés deux jours dans ce souterrain. "Il y avait une odeur effrayante, on avait du mal à respirer, explique-t-il. Les blessés arrivaient continuellement et une femme à côté de nous a accouché d’une petite fille. Et quand nous sommes sortis, il n’y avait plus rien. Les rues, les maisons étaient encore en feu. Saint-Lô était un champ de ruines. Il n’y avait plus aucune maison debout et des gens étaient encore bloqués dans leur cave, on entendait leurs hurlements."
La famille Fauvel a finalement pu quitter Saint-Lô et partir sur les petites routes où, régulièrement sous le feu des Allemands et de nouveaux bombardements elle a mis deux mois pour faire les 45 kilomètres jusqu’à Montmartin-sur-Mer.
"Il ne se passe pas un seul jour sans que je pense encore à ce que j’ai vécu il y a 80 ans. Mais ce n’est que très récemment que j’en ai parlé à mon épouse et mes enfants. C’était trop dur."
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