Dans Judy, la fraîchement oscarisée Renée Zellweger incarne Judy Garland à l'écran, l'enfant star du Hollywood des années 30 à 50, la jeune Dorothée du Magicien d'Oz, c'est elle. Renée Zellweger interprète magistralement les nombreux tubes de Judy Garland, dont la deuxième partie de carrière se fera sur les scènes de music-hall du monde entier...
Plus qu'un biopic, Judy s'intéresse justement à cette fin des sixties, peu de temps avant sa mort à l'âge de 47 ans seulement, où l'artiste sur le déclin accepte une série de spectacles à Londres... Elle n'a plus d'argent, elle est malheureuse en amour, boit beaucoup et souffre de ne pas pouvoir consacrer plus de temps à ses enfants dont la petite Liza, future Liza Minnelli... La performance de Renée Zellweger, saluée par un Oscar il y a deux semaines est bluffante et bouleversante.
"Evidemment c’est une icône !, dit l'actrice au micro de RTL. Elle s’est battue pour atteindre le sommet et y rester... Je suis certaine que dans un million d’années on célébrera toujours son talent inné, ses dons, sa manière de briller... Elle m’a beaucoup inspirée : il y avait ses films à la maison et chaque année nous la regardions en famille à la télé... Elle fait partie de nos vies et réussir à comprendre ce qu’elle a dû faire pour continuer à travailler au plus haut niveau m’a fait prendre conscience qu’elle n’était pas seulement surdouée mais véritablement exceptionnelle..."
Judy Garland est connue en France mais aux États-Unis c'est un véritable mythe, une figure du showbusiness et de ses dangers aussi... Enfant sacrifiée depuis ses débuts à deux ans, filon épuisé, essoré par la MGM, contrôlée jusque dans sa vie intime par des agents, l'actrice s'est jusqu'au bout battue et débattue pour continuer malgré tout à exister...
"Il y a certains parallèles évidents oui, admet Renée Zellweger, des thèmes qui sont presque des clichés, pas dans le film mais dans la vie... En ce qui me concerne c’est différent car les circonstances l’ont été : mes débuts, mon entourage ou les gens avec qui je travaille... Je n’ai jamais participé au modèle d’un studio qui vous inculque l’idée que vous n’avez aucune possibilité d’être autonome..."
Renée Zellweger ne se contente pas de jouer le rôle de Judy Garland, c'est également elle qui interprète la bande originale du film. On avait déjà entendu sa voix dans Chicago, la comédie musicale de Rob Marshall en 2003, mais ici le niveau d'interprétation est plus impressionnant encore : Judy Garland était une grande actrice mais surtout une immense chanteuse. "Je n’avais jamais chanté comme cela avant, ni même ses chansons et comme vous dîtes, elle avait un timbre très particulier, une tonalité très profonde, confie la comédienne. Il a fallu construire au fur et à mesure, chaque jour un peu plus en travaillant avec des gens qui savaient le faire mieux que moi et je leur ai simplement fait confiance... On a fait le boulot en prenant tout le temps qu’il fallait."
L'actrice a aussi dû se plier à une autre discipline indispensable pour jouer ce personnage : ressembler le plus possible à son modèle. "Beaucoup de choses étaient incontournables et non négociables car c’est ce qui rendait Judy unique ! Sa façon de s’exprimer est très physique et son langage immédiatement reconnaissable : elle maîtrisait cela à la perfection... Et Dieu merci, ce merveilleux outil qu’est YouTube nous permet de plonger dans une masse quasi infinie de documents qui montre de précieuses informations... Je suis partie de là puis, pour aller plus loin, j’ai travaillé avec des chorégraphes pour essayer de rendre tout cela plus moderne dans le mouvement... Enfin, j’ai énormément lu et je l’ai écoutée parler, par exemple de la manière dont Louis B Mayer l’appelait 'ma petite bossue', ce qui explique comment elle se tenait en corrigeant sa physiologie... Tout cela m’a vraiment aidé..."
Incarner Judy Garland au cinéma en 2020, c'est aussi parler de notre époque. La place des femmes dans la société et notamment au cinéma, les sacrifices pour allier vie privée et vie professionnelle, l'ambition de rester dans la lumière, la peur des ravages du temps qui passe.
"Pour moi ce n’est pas juste un rôle mais une expérience fluide que nous avons tous partagé ensemble, chacun dans notre domaine... Nous tombions sans arrêt sur des petits trésors, raconte Renée Zellweger, des choses qui devenaient indispensables afin de trouver l’essence même de son histoire... Le plateau s’est alors transformé en une célébration, tout le monde ayant soif de partager au quotidien ce qu’il avait déniché durant la nuit, après le travail pour raconter un détail inédit."
"Des photos, des collages, deux lignes dans un bouquin, tout cela motivé par notre affection pour elle... Nous nous sentions tous connectés à elle, qu’elle nous ait inspiré en tant que femme, par son courage, ce qu’elle dégageait, son intelligence, son humour ou peut-être par son histoire intime, sa musique ou ses performances sur scène... Quoi que ce soit, ça traduit un vrai respect et tout cela était très différent de tout ce que j’ai pu faire auparavant..."
Renée Zellweger dévore littéralement l'écran dans Judy, le film de Rupert Goold, qui sort mercredi 26 février au cinéma. C'est le très grand retour d'une comédienne qu'on avait un peu perdu de vue depuis Retour à Cold Mountain ou la trilogie Bridget Jones et c'est tant mieux !