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Festival de Cannes : qui est Jafar Panahi, la Palme d'or qui défie le pouvoir iranien ?

Jafar Panahi a défié la censure et le régime de Téhéran pour décrocher, ce samedi 24 mai, la Palme d'or à Cannes avec un film très politique : "Un simple accident".

Jafar Panahi avec sa Palme d'or, le 24 mai 2025 au festival de Cannes
Crédit : Tristan Fewings / Getty Images via AFP
Maxime Pique Martinez & AFP

Opposant au pouvoir iranien, le réalisateur Jafar Panahi a consacré sa vie au cinéma en défiant la censure, parfois au prix de sa liberté, jusqu'à sa consécration par une Palme d'or à Cannes ce samedi 24 mai. "Je suis vivant parce que je fais des films", a déclaré pendant le festival l'auteur du brûlot politique Un simple accident, l'un de ses films les plus directs.

Assigné jusqu'à récemment en Iran, interdit de tourner, le cinéaste de 64 ans, figure de la Nouvelle vague du cinéma iranien multiprimée à l'international, a pu faire le déplacement à Cannes - et dans un festival - pour la première fois depuis 15 ans. Son amour du cinéma, Jafar Panahi l'a plusieurs fois payé de sa liberté : il a été incarcéré à deux reprises, 86 jours en 2010 et près de sept mois entre 2022 et 2023. Il avait entamé une grève de la faim pour obtenir sa libération.

Derrière les barreaux, Jafar Panahi a trouvé l'inspiration pour son dernier film, dans lequel il dénonce l'arbitraire sans se mettre lui-même en scène comme dans ses précédentes réalisations : Un simple accident ausculte le dilemme d'anciens détenus tentés de se venger de leur tortionnaire et livre une charge frontale contre les autorités de Téhéran.

Ce film s'ouvre par une banale collision routière et se transforme peu à peu en conte moral autour d'une question centrale : que risque-t-on à s'abaisser au niveau de ses tortionnaires ? Croyant reconnaître son ancien geôlier qui lui a fait subir les pires sévices, un employé sans histoires le kidnappe et songe à le tuer sans autre forme de procès, avant de se raviser et de s'entourer d'anciens compagnons de détention pour chasser ses doutes.

Multicondamné par le régime de Téhéran

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La vie de ce fils d'artisan, né à Téhéran le 11 juillet 1960 et ayant grandi dans les quartiers pauvres de la capitale, a basculé en 2010. Il est alors condamné à six ans de prison pour "propagande contre le régime" après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique.

Grand nom du cinéma iranien, comme Abbas Kiarostami dont il a été l'assistant au début de sa carrière, Jafar Panahi a vu ses oeuvres, interdites en Iran, régulièrement primées dans les plus grands festivals, de Cannes à Venise en passant par Berlin. Ne pouvant s'y rendre, sa chaise restait symboliquement vide. Mais pas cette fois-ci.

Il a écopé aussi de 20 ans d'interdiction de réaliser ou écrire des films, voyager ou s'exprimer dans les médias. Ces condamnations ne l'ont jamais empêché de continuer à filmer clandestinement. Mais, dès lors, sa caméra se tourne "vers l'intérieur" : Panahi se met en scène lui-même, montrant ses difficultés à tourner en cachette. Comme dans "Aucun ours", Prix spécial en 2022 à Venise, où on pouvait le voir diriger une équipe à distance via Zoom, de l'autre côté de la frontière turque.

Car Jafar Panahi ne s'est jamais non plus résolu à l'exil, préférant rester dans son pays envers et contre tout, pour scruter dans ses oeuvres les injustices sociales ou la place des femmes. Et promettant d'y retourner dès dimanche malgré les risques de représailles.

Un habitué de Cannes

Parmi ses films les plus acclamés figure Taxi Téhéran, tourné depuis l'intérieur d'un taxi, pour lequel il a reçu l'Ours d'or à la Berlinale en 2015. Les conservateurs iraniens avaient fulminé. Temple du cinéma, le Festival de Cannes le soutient et lui offre une tribune depuis ses débuts : son premier long métrage, Le Ballon blanc, a reçu la Caméra d'or en 1995. Le cinéaste s'est aussi vu décerner le Prix du Jury dans la section Un Certain Regard en 2003 pour Sang et or et le Prix du scénario en 2018 pour Trois Visages

En 2012, Jafar Panahi a été colauréat, avec sa compatriote Nasrin Sotoudeh, avocate des droits humains, du prix Sakharov pour la liberté de l'esprit décerné par le Parlement européen. Il a un fils devenu cinéaste, Panah Panahi. Son premier film, Hit the Road, a été présenté en 2021 à la Quinzaine des cinéastes à Cannes.

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