Face au tollé, Roman Polanski renonce. Le réalisateur franco-polonais, faisant l'objet depuis plusieurs années d'un mandat d'arrêt américain pour une affaire de viol sur une mineure, a choisi de ne pas présider la 42e cérémonie des César, qui doit se tenir le 24 février prochain à la salle Pleyel à Paris. Sa décision "de ne pas donner suite" à l'invitation de l'académie des César a été rapportée ce mardi 24 janvier par son avocat. Il considère néanmoins que la polémique le visant est "injustifiée". Le communiqué précise par ailleurs que cette controverse a "profondément attristé Roman Polanski et atteint sa famille".
Cette volte-face, qui intervient à la veille de l'annonce des nominations pour les César, semble mettre un point final à la polémique déclenchée le 18 janvier. L'annonce de la désignation de Roman Polanski, 83 ans, avait été blâmée par des associations féministes et par de nombreux internautes sur les réseaux sociaux. Elle avait également suscité la réprobation de Laurence Rossignol, ministre des Droits des femmes. "C'est un choix qui témoigne, de la part de ceux qui ont décidé de le nommer président des César, d'une indifférence à l'égard des faits qui lui sont reprochés", avait-elle déclaré, jugeant ce choix "surprenant et choquant". Après l'annonce de ce renoncement, Laurence Rossignol a écrit sur Twitter : "La culture sans la culture du viol, c'est mieux".
À l'inverse, d'autres personnalités s'étaient exprimées pour défendre Roman Polanski. La ministre de la Culture Audrey Azoulay avait refusé de critiquer ce choix, plaidant pour l'indépendance de l'académie des César et rappelant que les faits reprochés au cinéaste sont "très anciens". L'ancienne ministre Aurélie Filippetti avait quant à elle demandé à ce "qu'on le laisse présider cette cérémonie", saluant au passage le talent de ce "très grand réalisateur".
Thierry Frémaux, le directeur général du Festival de Cannes a réagi en direct sur RTL. "Je l'ai eu au téléphone hier soir et je pense qu'il ne fallait pas ajouter de problème au problème", a-t-il confié, assurant que le réalisateur de Rosemary's Baby est "très meurtri".
Né en France de parents polonais, Roman Polanski, à l'époque âgé de 43 ans, avait été poursuivi en 1977 en Californie pour le viol d'une adolescente de 13 ans. Libéré sous caution après 42 jours de prison, il avait plaidé coupable de "rapports sexuels illégaux" avec une mineure mais nié le viol. Il s'était ensuite enfui des États-Unis avant le verdict, craignant d'être lourdement condamné. Considéré depuis comme un "fugitif" par les autorités américaines, il court toujours le risque d'y être extradé, malgré les interventions en sa faveur de la victime, qui a réclamé à plusieurs reprises l'abandon définitif des poursuites et dit lui avoir pardonné. En décembre, la Cour suprême polonaise a mis fin à une procédure d'extradition entamée en 2014 à la demande de la justice américaine. Depuis 40 ans, cette affaire refait régulièrement surface.
Aujourd'hui, Roman Polanski vit en France. Avec 21 longs métrages à son actif, il a été huit fois récompensé aux César, dont deux fois pour le meilleur film, avec Tess (1980) et Le Pianiste (2003), et quatre fois comme meilleur réalisateur. Il prépare actuellement un film sur l'affaire Dreyfus.
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