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"Barbenheimer" : comment "Barbie" et "Oppenheimer" se disputent l'attention du public
ÉCLAIRAGE - Alors que les cinéphiles trépignent d'impatience en attendant le "Barbenheimer", la sortie des films "Barbie" et "Oppenheimer", attendus pour le 19 juillet prochain, les deux films semblent déjà se livrer une épique bataille à la conquête du box-office.
"Barbie" et "Oppenheimer", les deux films les plus attendus de l'année
Crédit : Warner Bros. Entertainment Inc. et Universal Studios
Dans quel ordre aller voir ces films le jour de leur sortie ? Depuis plusieurs semaines, c'est la question qui agite les réseaux sociaux. Le 19 juillet prochain, Barbie et Oppenheimer, deux des films les plus attendus de l'année sortiront en même temps dans les salles obscures. Pourtant, ces deux films n'auraient pas pu être plus opposés. De ce contraste est né le mouvement "Barbenheimer", contraction du nom des deux films, lançant un vif débat sur l'ordre de visionnage, mais aussi sur le film qui rapportera le plus au box-office.
D'une part, Barbie, de la Warner Bros., signée Greta Gerwig avec Margot Robbie et Ryan Gosling, attise l'excitation des fans de la petite poupée blonde tout de rose fuchsia vêtue pour convoquer la nostalgie des futurs spectateurs. Véritable comédie avec une pincée d'ironie, ce live-action propose une plongée dans le monde parfait de la poupée la plus célèbre de l'univers tandis qu'elle se retrouve précipitée dans le nôtre, qui n'a rien d'idyllique.
Dans une autre salle obscure, le maître des films d'action psychologiques, Christopher Nolan signe son retour avec Oppenheimer pour les studios Universal. Le réalisateur d'Inception et d'Interstellar propose ici un biopic plus sombre sur le créateur de la bombe atomique aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. À l'inverse de la colorimétrie chatoyante et rose bonbon de Barbie, Oppenheimer promet une ambiance plus dense, mais surtout plus sombre. Deux salles, deux ambiances.
Faut-il aller voir les films dans un ordre spécifique ?
Avec un ton très décalé et humoristique que l'on connaît bien à la réalisatrice de Lady Bird d'une part, ainsi qu'une réalisation plus haletante et sérieuse de l'autre, c'est avant tout le contraste entre les deux thèmes de ces films qui amuse les internautes et qui a ainsi fait naître la tendance du "Barbenheimer", mettant deux films différents sur le même plan puisqu'ils sortent le même jour. Face à cette coïncidence, les internautes se disputent déjà l'ordre de visionnage comme s'il s'agissait d'un film de l'univers cinématique de Marvel (MCU), ainsi que les scores au box-office.
Sur TikTok et Twitter, le #Barbenheimer recense plus d'1,5 million de vues et chacun semble avoir un planning très précis pour le 19 juillet, à l'image d'une internaute qui estime que "ceux qui vont voir Barbie en premier sont fous. Le planning doit être : un café et une cigarette, Oppenheimer vers 11 heures puisqu'il dure trois heures, mimosa et brunch, Barbie entre 18 et 19 heures, diner, apéro, boîte de nuit".
Une bataille de communication féroce
Alors que les films commencent à peine à être diffusés en salles pour une poignée de privilégiés ayant accès aux avant-premières, la bataille au box-office semble avoir commencé. Sur ce plan, Barbie dispose d'une avance indéniable : avant même la fin de la post-production du long-métrage, l'équipe de communication a dégainé une stratégie marketing hors norme et innovante. En s'appuyant sur leur nostalgie enfantine, les spectateurs se sont vus bombardés de trailers à prendre au millième degré et d'affiches frôlant le ridicule tant Margot Robbie et Ryan Gosling semblent faits en plastique.
Avec cette stratégie agressive, Barbie s'empare aussi des réseaux sociaux, notamment avec des interviews par milliers, des collaborations avec des grandes stars actuelles, comme Dua Lipa, qui signe la bande originale du film et une invasion de memes féministes mettant en avant tout ce que les Barbies peuvent faire, alors que Ken... est juste Ken. De plus, Mattel, l'entreprise qui produit les poupées Barbie, en a profité pour sortir une myriade de produits dérivés en tout genre.
Parallèlement, avant le "Barbenheimer", Oppenheimer s'est fait plus discret, avec un marketing plus classique et plus sobre, à l'image du film qui profite, comme Barbie, d'un casting cinq étoiles, avec Cillian Murphy, Robert Downey Jr., Florence Pugh, Emily Blunt et Matt Damon pour ne citer qu'eux. Pourtant, il a indirectement profité de la campagne massive entourant la sortie de Barbie dans les salles le même jour, grâce aux internautes.
Faire vivre le cinéma
Alors que ces deux films appartiennent à deux registres antagonistes, Internet a donc décidé de se les réapproprier différemment. Depuis, même les acteurs et les réalisateurs des deux films se sont pris au jeu du "Barbenheimer", à l'image de Greta Gerwig et Margot Robbie, qui ont fièrement pris la pose munie d'un billet devant l'affiche de Oppenheimer et de Mission Impossible, en réponse à des photos de Tom Cruise brandissant son ticket de cinéma devant les posters de ces films. "J'adore les doubles programmes", a affirmé l'acteur, et il n'y a pas plus explosif (ou plus rose) que de voir à la suite Oppenheimer et Barbie".
Pour l'heure, Cillian Murphy et Christopher Nolan n'ont pas reproduit le cliché, mais face à la fusion des deux films dans les cœurs des spectateurs, l'acteur a assuré dans une interview donnée à LaVanguardia : "J'adore Margot Robbie, j'aime Ryan Gosling, j'ai envie de les voir maintenant". Interrogé à propos de "Barbenheimer", il a également conseillé de voir les deux films le même jour. "Si ce sont des bons films, c'est ce qui est gagnant dans le cinéma", s'est-il enthousiasmé.
Finalement, ce qui est assez insolite avec cette tendance, ce n'est pas tant le rapprochement entre deux films différents, mais bien l'ampleur prise par le mouvement, avec les réseaux sociaux. De plus, dans un contexte général d'inflation post-crise sanitaire et guerre en Ukraine, le secteur de la culture semble avoir du plomb dans l'aile et surtout le cinéma, dont les prix ont considérablement augmenté ces dernières années.
Même si Barbie est d'ores et déjà donnée gagnante en termes de rentabilité, un esprit d'entraide bon enfant règne entre les deux équipes qui profitent de la rentabilité l'un de l'autre. Pour eux, que deux blockbusters sortent le même jour n'est pas une condamnation en soi mais une façon de faire rayonner le cinéma.
