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Où faut-il placer la cédille, et d'où vient-elle ?

La cédille… D’où vient cet étrange petit signe dont s’affublent certains de nos "C" ? Muriel Gilbert lève le voile.

Une femme tient un dictionnaire (illustration)
Une femme tient un dictionnaire (illustration)
Crédit : FRED DUFOUR / AFP
Où faut-il placer la cédille, et d'où vient-elle ?
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Muriel Gilbert

On ne pense pas assez à la cédille, ce mignon mini-C à l’envers qui se place sous certains "C" pour qu’ils puissent se prononcer "S" devant les voyelles "A, O et U". C’est l’un des cinq signes qui sont capables de modifier le son d’une lettre en français, et que les linguistes appellent des "diacritiques", du grec ancien diakritikos, "qui sert à distinguer". Mais la cédille a quantité de caractéristiques qui la rendent unique : c’est la seule des cinq signes qui ne soit pas un accent (aigu, circonflexe, grave ou tréma), la seule qui se place au-dessous d’une lettre, et la seule qui modifie le son d’une consonne et non d’une voyelle.

C’est Bernard, de l’Essonne, qui m’a donné envie de vous parler de la cédille : "Dans le livre que je lis en ce moment, m’a-t-il écrit, je suis tombé sur le mot acquiesça [il acquiesça]. J’ai pensé qu’il y avait une faute, eh bien non, il faut bien une cédille !"

Eh oui, Bernard, le verbe acquiescer s’écrit sans cédille, mais au passé simple, sans la cédille sous le dernier C d’acquiesça, on lirait "il acquieska".

Une idée née au XVIe siècle

Pourtant, il n’y a pas toujours eu des cédilles en français. Selon le Chat de Philippe Geluck l’inventeur de la cédille serait un certain M. Groçon qui n’aimait pas son nom. Ce n’est pas pour remettre en question ses talents d’étymologiste, mais je suis allée voir ce qu’en pensait le Dictionnaire historique de la langue française, et c’est plutôt un certain Geoffroy Tory qui a introduit la cédille en 1531 dans l’imprimerie française, une idée qu’il a importée d’Espagne.

On pourrait croire que le nom de la cédille venait de la lettre C, mais il s’agit de la francisation de "zedilla", qui veut dire "petit Z" en espagnol, car sa forme ressemblait plutôt à celle d’un Z au départ. Bizarrement, l’espagnol n’utilise plus la cédille, tandis qu’il y a un peu plus d’une centaine de mots en français qui en comportent une, auxquels il faut ajouter les verbes conjugués.

Pourquoi la FranCe, mais les FranÇais ?

Ce sont essentiellement les verbes en CER, comme acquiescer, que nous venons de voir, mais aussi placer ou fiancer : "je place, il place", mais "nous plaçons, il plaça", avec C cédille, autrement, on lirait "nous plaKon, il plaKa"… ce qui existe mais signifie autre chose. Il y a aussi certains verbes en OIR qui prennent une cédille à certaines personnes : recevoir, par exemple, ne prend pas de cédille puisque son C est suivi d’un E, mais "je reçois, tu reçois, il reçoit" : C cédille, autrement on entendrait "reKoi" !

C’est aussi pour cette raison qu’il y n’a pas de cédille à France, mais qu’il y en a une à Français, par exemple… Sans cédille, Français se lit "franKais", le caleçon devient "caleKon", le garçon, "garKon", "ils sont déçus" devient "ils sont dékus", la leçon devient "leKon" et la maçonnerie devient "makonnerie". Bref, vous vous en êtes aperKus, la cédille est indispensable !

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