Yann Queffélec, écrivain et marin, est l’auteur, entre autres, du best-seller Les Noces barbares qui a obtenu le prix Goncourt, ou encore du Dictionnaire amoureux de la Bretagne et plus récemment de Suite armoricaine (avec des écrits de son père Henri Queffélec). Il raconte une rencontre improbable, à la fin des années 1970, qui changera sa vie.
“Le jour où ma vie a basculé n’est pas un jour, mais une nuit, précise-t-il. C’est la nuit où, parti faire le tour du monde sur mon bateau à voile, j’ai dû faire demi-tour en face du golfe de Gascogne, rabattu par le vent sur Belle-Île-en-Mer. Et là, au moment où j’amarre mon bateau, sous la pluie battante, dans la tourmente, une voix me dit : ‘Toi, chéri, tu as une gueule d’écrivain !’. Il s’agit de Françoise Verny, directrice littéraire chez Gallimard !”
Le marin est fasciné par cette voix, par la présence de cette femme sur un quai sous la pluie et qui va l’inviter à dîner à l’hôtel le Castel Clara sur la côte sauvage. “Nous discutons de la vie et de littérature toute la nuit en mangeant de la langouste rosée, et en buvant du champagne rosé. C’était l’époque où les éditeurs avaient de l’argent et n’hésitaient pas à le dépenser pour d’éventuels jeunes auteurs. Et, au petit matin, je me suis juré d’apporter mon premier manuscrit à Françoise Verny”, se souvient-il.
Ce premier livre est un roman sur la guerre d’Algérie : Le charme noir, l’expérience d’un appelé en Algérie sur le terrain. Mais c’est son second roman qui a reçu le prestigieux prix Goncourt : Les Noces barbares, toujours écrit sous le regard de Françoise Verny.
“Là, ma vie qui avait commencé à basculer a définitivement basculé dans la littérature, et dans le bonheur d’être romancier. Cette annonce du prix Goncourt annule votre identité de personne et d’écrivain d’une façon sidérante. Et, encore aujourd’hui, je me demande ce qu’il s’est passé”, confie l’écrivain.
L’auteur d’une cinquantaine de livres, admet qu’il est difficile de se remettre à l’écriture après une telle récompense : “Il faut surtout ne pas s’identifier au prix Goncourt. Peut-être que ma chance a-t-elle été d’avoir cette lucidité. Tout le sens de ma vie a été de reconquérir ma simplicité d’écrivain, de me retrouver dans ma solitude, dans mes nécessités d’écritures intactes. La jeunesse est un état d’esprit qu’on acquiert avec l’expérience. Je m’aperçois maintenant que je me suis débarrassé d’un certain nombre de tous ces complexes qui sont liés au prix Goncourt.”
Et, il assure ne jamais écrire sans imaginer le regard de Françoise Verny. “De la même manière, j’imagine le regard de ma mère. Et ce qui nous liait, Françoise Verny et moi, c’est qu’elle était bouleversée de voir à quel point, j’étais attaché aux souvenirs de ma mère, que j’avais perdu très jeune. Et qui avait été ma première lectrice avant elle. C’est compliqué un auteur…”, confesse-t-il.
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