Concours du Premier Roman Jeunesse : qui est le lauréat de la 5e édition ?

Créé en 2012 par les éditions Gallimard Jeunesse en association avec RTL et Télérama, le concours du Premier Roman Jeunesse se veut une invitation à tous ceux qui écrivent pour la jeunesse et voudraient faire connaître leur premier roman.

La Passe-Miroir de Christelle Dabos en 2013, Les Mystères de Larispem de Lucie Pierrat-Pajot en 2016, Norman n’a pas de super-pouvoir de Kamel Benaouda en 2018, La Clé des champs d’Audrey Faulot en 2021, et cette année On ne dit pas Sayonara d’Antonio Carmona : chaque édition permet la révélation d’un nouveau romancier de talent.

Voici donc l’histoire d’une jeune fille franco-japonaise, Élise, qui vit seule avec son père depuis la mort de sa mère. Après le décès de sa femme, le père a édicté tout un tas de règles impossibles visant à effacer le souvenir de la mère dans la maison. Avec l’aide de sa grand-mère japonaise, de sa meilleure amie Stella (une geekette ultime !) et de sa prof d’arts plastique givrée, Élise va peu à peu reconvoquer le souvenir de sa mère dans la maison et comprendre les raisons des tourments de son père. Le texte a été écrit dans sa plus grande partie à Kyoto (Japon) entre avril et septembre 2022, dans le cadre d’une bourse de création portée par le Centre national du livre.

Antonio Carmora, lauréat 2023 du concours du Premier Roman Jeunesse Gallimard jeunesse Télérama et RTL, naît au théâtre : "À mes débuts, je savais que je voulais faire du théâtre, confie Antonio Carmona à RTL. Je me suis inscrit dans un conservatoire (Marseille) quand j'avais 18 ans pour être d'abord comédien. Puis, je voulais être spécifiquement clown, donc je suis monté à Paris pour faire l'école du Samovar. Mais quand je suis sorti de cette école, j'ai senti que j'avais un manque de mots. J'avais besoin d'avoir de plus de mots pour être heureux dans ma vie... J'ai jeté mon nez rouge, j'ai attrapé un stylo et j'ai écrit ma première pièce de théâtre pour les enfants. Parce que l'enfance, c'est un des piliers de ma vie, j'ai d'abord été animateur et puis directeur de centre de loisirs. Je travaille dans des foyers, je m'intéresse vraiment vraiment à l'enfance, au droit des enfants en général. Et à partir de cette première pièce, j'ai eu de la chance d'être publié. Voilà, je n'ai plus jamais mis mon nez rouge. Je suis plus monté sur scène, j'ai écrit, j'ai donné ma voix aux autres..."

J'ai pensé le projet comme une pièce de théâtre

Antonio Carmona

Au départ On ne dit pas Sayonara était d'ailleurs destiné au théâtre avant de devenir... un roman. "J'ai pensé le projet comme une pièce de théâtre, explique Antonio Carmona. Mais à partir du moment où je suis rentré à cent pour cent dans dans son écriture, j'ai eu besoin de plus de mots que dans mes pièces de théâtre, même si je défends le théâtre comme une vraie littérature, mais j'avais besoin de tenter le roman." 

Pour écrire son roman, Antonio Carmona sollicite en 2021 l'aide du CNL (le Centre National du Livre) qui lui octroi alors une bourse de création. Avec cette argent, il a pu s'immerger presque six mois au Japon pour écrire son livre.

Ce roman est l'histoire d'une petite fille qui est fortiche en puzzle mais à qui il manque des morceaux de sa vérité

Antonio Carmona

L'histoire d'Élise s'est imposée assez naturellement, souligne l'écrivain : "J'adore écrire pour des personnages féminins, vraiment, j'aime beaucoup beaucoup ça. Donc j'avais en tête une petite fille qui n'était pas très au clair avec le drame de sa vie, sur la mort de sa mère et et qu'elle était championne de puzzle. Ça, c'était très très clair pour moi. J'adore donner à mes personnages une sorte de super pouvoir entre guillemets. Mais si elle assemble des puzzles c'est parce qu'il lui manque quelque chose à l'intérieur de son coeur, des parcelles de vérité donc pour moi, elle assemble des puzzles pour trouver une part de sa vérité à elle et j'ai tissé mon histoire autour de ça : une petite fille qui est fortiche en puzzle mais à qui il manque des morceaux de sa vérité, puis j'ai inventé le papa qui pleure dans les oignons avec les oignons. Très vite, je lui ai trouvé son adjuvante, sa meilleure amie qui est beaucoup plus pêchue qu'elle, beaucoup plus drôle aussi et qui va finalement donner des couleurs à sa vie là. Le monde est en noir et blanc à cause de son père." 

Papa a inventé des tas de règles. Sans doute dictées discrètement à l’oreille par la créature qui a pris possession de lui. Ces règles n’ont qu’un seul but : faire disparaître ma mère intégralement. La pousser loin en dehors de notre maison et de nos souvenirs. Elle, et le pays qui l’avait vue naître, le Japon.

Extrait de "On ne dit pas Sayonara" d'Antonio Carmona (Editions Gallimard Jeunesse)

On ne dit pas Sayonara, vous l'avez compris est un livre sur le deuil, la gestion d'un deuil douloureux : celui d'une mère, un sujet qu'aborde avec douceur et... humour. "Je crois que les enfants ont un désir et un besoin de vérité et que ce qui est douloureux, c'est le secret, déclare Antonio Carmona. Les tabous, c'est ce qu'on ne dit pas, ceux qui nous tuent, pas la vérité, mais  j'ai besoin d'enflammer tout ça et surtout de trouver de l'humour, de la légèreté. Que ce soit dans le théâtre ou dans le roman, j'utilise les mêmes biais, les mes mêmes trucs. Et puis je viens du monde des clowns, je pense que même si je n'ai plus mon nez rouge, il s'est distillé un peu dans tout ce que j'écris."

Et puis arrive le concours du Premier Roman Jeunesse... "Je n'y croyais pas une seule seconde, avoue l'écrivain, je me disais le petit auteur qui n'a écrit que du théâtre entrer dans la grande maison Gallimard Jeunesse, je n'y croyais pas une seule seconde !"

L'attente a été longue. "D'abord on oublie un peu qu'on l'a envoyé... Cela remonte au mois de mars dernier ! J'ai eu une première réponse me disant que j'étais finaliste en juillet ! Et là, ça a été un petit tremblement de terre j'osais pas y croire, je croyais à un canular !! Est-ce que je vais être appelé ? Est-ce que ce sera moi  ? Oh mon Dieu ! j'ai failli pleurer".

Victoire ! Dans le courant de l'été après délibération, Gallimard Jeunesse se charge d'appeler et prévenir les 5 finalistes. Un ou une gagnante est désigné tous les deux ans. 
 
"Je me souviens de l'appel de Thierry Laroche, le directeur éditorial de Galimard Jeunesse : 'Je vous ai dit que que vous étiez finaliste du concours. Ah oui, non, j'avais pas oublié, et bien voilà, il s'avère que c'est vous qui avez gagné !' On n'y croit pas et on est trop content que ça arrive. Sincèrement, vraiment, c'est un rêve qui se réalise ! Mon histoire, en tout cas a la chance de pouvoir être portée à une grande échelle, elle va être entendue ou lue par plus d'enfants. J'ai l'occasion d'être porté un peu plus haut que ce que je suis porté d'habitude peut-être."

On ne dit pas Sayonara, d'Antonio Carmona, est à lire aux éditions Gallimard Jeunesse.

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