En région parisienne, à la Plaine Saint-Denis, c'est ici derrière les murs de la société Dubbing Brothers qu’est finalisée la plupart des films étrangers avant leur sortie. Dans ces studios : des comédiens qui n'apparaissent jamais à l'écran. Et pourtant, leur rôle est primordial.
Bernard Gabay est un célèbre doubleur. Son nom et son visage vous sont peut-être inconnus mais sa voix, elle, est familière aux spectateurs français. Iron Man, David Mills, Aragorn, c'est lui. Bernard Gabay est la voix française de Robert Downey Jr, Brad Pitt, ou encore Antonio Banderas. Ce jour-là, le comédien enregistre la voix de Tony incarné à l'écran par Viggo Mortensen, dans ce film primé aux Golden Globes : Green Book.
Et il bute sur une réplique : "Ah Ah, ce n’est
pas Tony de la Tchatche, c'est Tony la Tchatche, je suis pas noble. Quand j'étais
petit dans le Bronx, j'avais la tchatche pour faire avaler n'importe quelle
connerie."A l'aide de mimiques et de gestes, le doubleur s'imprègne et
appréhende la scène. "J’essaie d'accrocher quelque chose dans l'image. Ce
n'est jamais garanti d'avance, on est à la recherche de cette fidélité à
l'original. On a constamment ce mot à la bouche."
Et pour épauler Bernard dans ce travail artisanal, il y a l'oreille critique de Danielle Perret, la directrice artistique, garante de l'esprit du film. Elle connait les scènes sur le bout des doigts. "Il faut qu'il place bien ses mots, qu'il soit bien dans son personnage. Parfois, il parle un petit poil trop vite, ce n’est pas le sentiment de Tony la Tchatche qui est sur l'écran, il y a juste une petite chose à corriger." Après trois heures d'enregistrement, la bonne prise est en boîte.
Mais pas le temps de
souffler pour le comédien. Quand il n'est pas en studio, Bernard Gabay monte
sur les planches comme ce soir-là à Versailles. Depuis six mois, il joue sur
scène dans la pièce "Le Tartuffe" avec Pierre Arditi, comédien avec
lequel il partage l'art du doublage. Pierre Arditi aime cet exercice de
style : "C'est une discipline à part, tout à fait à part. Il y a des
gens qui n'arriveront jamais à doubler un autre acteur et d'autres
instinctivement comprennent très vite."
Il n’y a pas de public dans le studio, il n’y a que les gens avec qui l’on travaille. Ça n'a rien à voir. C'est unique, irremplaçable.
Bernard Gabay
Pour le professionnel, jouer au théâtre ou prêter sa voix à un autre acteur, c'est avant tout un investissement... à 200%. "C'est le corps qui s'exprime, les impulse, on n’est pas juste devant un prompteur à lire les infos ou une chanson dans un resto." Mais il y a tout de même une différence, sur scène pas d'écran pour le texte, le comédien a dû apprendre ses répliques en alexandrins par cœur.
Et quand on lui demande s’il préfère briller de mille feux en Roi soleil sur scène ou doubler en studio il répond que les deux pratiques sont complémentaires. Reste qu'au théâtre, la relation avec les spectateurs est directe. "Il n’y a pas de public dans le studio, il n’y a que les gens avec qui l’on travaille. Ça n'a rien à voir. C'est unique, irremplaçable."
Comme Bernard Gabay, exercer comme doubleur, c'est le rêve de nombreux comédiens. Alors pour se lancer, certains, se forment dans des écoles. Séries, films, dessins animés ou jeu vidéo : les supports se multiplient et la demande est exponentielle comme dans cette école.
Au programme du jour : le doublage d'un
dessin-animé. Mathieu Richer, formateur chez Rhinoceros Formation, a l'oreille
avertie et il assure les corrections. "Là, on est sur du dessin animé,
l'exercice est de rajeunir sa voix, pour que ça puisse correspondre à une voix
d'enfant, en l'occurrence de petites filles. Le
dessin animé ça demande beaucoup plus d'énergie, d'enthousiasme, il faut
retrouver son âme d'enfant et un phrasé particulier."
Pitou, Nathan et
Joséphine jouent pour le théâtre et le cinéma mais chantent aussi dans des
comédies musicales. Pour ces jeunes comédiens, l'anonymat du doublage, est loin
d'être un problème, c’est même une force. "Dans la voix, il passe des
émotions uniques qui sont spécifiques. J'ai retenu la voix de Claire Fisher
pendant des années, on touche les gens à travers les voix, c'est
addictif."
Il reste tout de même quelques difficultés. "On dit toujours que les comédiens ont
un surcroît d’ego, mais là ce n’est plus toi qui intéresse en tant que tel, tu
dois représenter l'Américaine ou la Chinoise et tu dois complètement t'oublier. Je crois que c'est le plus dur."
Le travail est exigeant,
mais le jeu en vaut la chandelle : le tarif est fixé par des conventions
collectives : 6 euros pour une ligne de 50 caractères. Le doublage d'un épisode
de série en une journée peut rapporter près de 900 euros. Avec du travail et de
la persévérance, Joséphine, Nathan et les autres seront peut-être les futures
voix de vos héros.
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