Apocalypse Now qui raconte la vision de Coppola sur la guerre du Vietnam, a reçu la palme d’or à Cannes en 1979. Il est considéré comme l’un des meilleurs films de tous les temps, avec notamment la scène mythique du ballet de 15 hélicoptères larguant des bombes sur l’air de la Chevauchée des walkyries de Wagner. La scène a coûté à elle toute seule 4 millions de dollars, c'est-à-dire le tiers du budget initial du film.
Florent Silloray raconte dans sa bande dessinée la drogue qui coulait à flot sur le tournage, tout le monde fumait des joints en prenant du LSD. Quand Coppola a découvert que les pilotes décollaient sous l’emprise de la drogue, il a fallu faire une mise au point. De même qu'avec Dennis Hooper qui jouait le photographe. Il avait décidé pour mieux incarner son personnage de ne plus se laver, ce qui fait qu'il sentait tellement fort que plus personne ne pouvait l'approcher.
La bande dessinée raconte aussi la crise cardiaque de Martin Sheen, l'acteur principal, qui jouait le rôle du capitaine Willard censé exécuter un certain colonel Kurz incarné par Marlon Brando qui a perdu les pédales. Le tournage a été éprouvant pour tout le monde et au bout de la vingtième prise de la scène de l’assassinat où le capitaine Willard est trainé dans la boue devant Marlon Brando, Martin Sheen fait un AVC.
On a l'impression que le sort s'acharne sur le tournage quand le typhon Olga ravage les décors, ce qui donne l'idée à Marlon Brando de faire abattre un buffle à coup de sabre pour calmer les dieux et placer le film sous de meilleurs auspices. Ça n'a servi à rien. Il faut dire que Coppola n’arrête pas de réécrire le manuscrit de son film pour trouver une chute. Il a aussi de sérieux problème avec sa femme. Florent Silloray dresse un portrait du réalisateur mégalomane pas très flatteur.
Francis Coppola reviendra à New York avec 230 km de pellicule imprimée et 381 km de rush. Personne ne voit à quoi va ressembler le film. Et beaucoup pense que c'est un ratage à 20 millions de dollars. Un des monteurs menace de brûler la pellicule si on ne lui donne pas le numéro de téléphone d'une des actrices sur laquelle il a flashé. Le tournage en enfer succède un montage d’enfer. L’album raconte aussi la fin du cinéma d'auteur qui tient encore le coup face aux studios d’Hollywood. Des auteurs qui parviennent encore à faire les films qu'ils veulent. Ce qui ne sera plus guère le cas par la suite.