C'est un tournant pour Emmaüs. C'est RTL qui vous l'a révélé. Jeudi 8 décembre, quelques semaines avant Noël, le mouvement fondé par l’Abbé Pierre va ouvrir sa boutique en ligne sur Internet. Le site s'appelle label-emmaus.co (un clin d’œil au fondateur d’Emmaüs). Le principe est simple. Sur le site, vous sélectionnez un objet récupéré, réparé par les fameux compagnons d’Emmaüs. Deux options existent : soit vous vous rendez dans le site Emmaüs qui propose l’objet, si ce n'est pas loin de chez vous ; soit vous vous le faites expédier. Dans un premier temps, la livraison (payante) sera disponible pour petits objets : les vêtements, la vaisselle, les jouets, les livres (Emmaüs est le premier libraire de France). La livraison des armoires normandes ce sera pour plus tard, peut-être.
Comme sur les sites Internet marchands, "Label-emmaus" aura son service après-vente. Vous pourrez renvoyez votre achat dans les deux semaines. Pour l’organisation de l’Abbé Pierre, c’est une révolution culturelle. Les compagnons d’Emmaüs ont, par exemple, appris à valoriser les objets en les photographiant dans des studios créés spécialement sur les points de vente Emmaüs. Comme sur les sites marchands, il y aura des ventes flash et des ventes privées. Emmaüs adopte les codes de la vente en ligne mais entend garder son âme.
L'objectif affiché d’Emmaüs n'est pas de tailler des croupières au Bon Coin ou à d’autres sites marchands. "L’Abbé Pierre, avec son appel sur RTL en 1954, avait inventé l’économie solidaire", fait remarquer son successeur à la tête d’Emmaüs, Thierry Kuhn. "Label-emmaus" garde le même but : redonner une vie à des objets pour créer des emplois en réinsérant des personnes en situation d’exclusion.
L’ambition, dit le président d’Emmaüs France, c’est de faire d'un achat en ligne un achat solidaire. "Nous sommes aujourd'hui un contre-modèle dans la vie réelle : une autre économie, plus sociale et plus solidaire. On essaie de replacer l'humain au centre, comme on le fait depuis soixante-dix ans", explique-t-il. "Ce que l'on fait sur le Web, c'est donner du sens à cette action, faire partie de cette communauté des acheteurs solidaires. C'est un petit grain de sable dans les rouages d'une économie devenue folle", poursuit-il.
Est-ce qu’il n’y a pas quand même des dangers pour Emmaüs à se lancer dans l’e-commerce. Le risque de perdre son âme existe, effectivement. Mais Emmaüs devait tôt ou tard moderniser son modèle menacé. Depuis l’apparition des sites de revente en ligne, par exemple, Emmaüs reçoit toujours autant de dons (250.000 tonnes par an), mais de moins en moins d’objets de valeur, que les Français tentent de revendre sur Internet.
Après avoir rejeté des offres de partenariat de Cdiscount, Priceminister et même d'Amazon, tout attirés par l’image de marque du mouvement de l’Abbé Pierre, Emmaüs se lance seul. Avec une préoccupation : que les livraisons du site ne coupent pas le contact entre les clients et les compagnons d’Emmaüs, qui seraient alors réduits à des logisticiens invisibles.
Emmaüs est confiant et fait le pari, au contraire, que son site va faire découvrir le mouvement d’Abbé Pierre à une nouvelle génération plus connectée qui sera ainsi inciter à se déplacer sur les moins de vente, au contact des compagnons d’Emmaüs.
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