"Voulez-vous vous abonner ?" : faut-il payer ou accepter la publicité pour continuer à utiliser Facebook ou Instagram ?

Meta met la pression à ses utilisateurs européens. Si vous avez ouvert Facebook ou Instagram ces derniers jours, vous avez sans doute vu apparaître un message vous demandant de faire un choix pour continuer à utiliser ces services. Soit vous acceptez de payer une formule à partir de 7,99 euros par mois, soit vous acceptez que vos informations personnelles soient utilisées pour vous afficher de la publicité ciblée. 

Cette communication est un moyen pour Meta de se conformer aux lois européennes, le RGPD et le DMA. Les réseaux sociaux sont censés demander l'autorisation aux internautes pour collecter et exploiter leurs données. Mais dans la pratique, Meta a longtemps contourné cette règle, multipliant les manœuvres juridiques pour préserver la rentabilité de son modèle économique. 

Rappelé à l'ordre à plusieurs reprises par Bruxelles depuis deux ans, le groupe ne peut plus éluder cette obligation. Et comme son modèle repose fondamentalement sur la collecte de données, le réseau social a imaginé cet abonnement payant pour inciter ses usagers à préférer l'alternative gratuite et maintenir son activité. 

Un bras de fer avec l'Union européenne

Ce choix a été proposé pour la première fois aux utilisateurs européens fin 2023. A l'époque, des associations s'étaient élevées contre cette stratégie consistant à faire payer un droit fondamental. Une plainte avait été déposée pour dénoncer un contournement du droit européen. 

À lire aussi

Connecté

Riz, sèche-cheveux, coton-tige... Que faut-il vraiment faire si votre smartphone tombe dans l'eau ?

Cette approche a été jugée contraire au DMA européen par la Commission européenne en juillet 2024. Aux yeux de Bruxelles, un consentement doit être vraiment libre, pas obtenu sous la pression, pour être valable. Le géant du numérique a été condamné à une amende de 200 millions d'euros en avril par l'autorité européenne de la concurrence, avec la menace de nouvelles amendes s'il ne peaufine pas son modèle.

Sur le papier, Meta s'estime dans les clous. Le groupe de Mark Zuckerberg dit avoir initié ce processus de mise en conformité en novembre 2024 avec une baisse du prix de son abonnement et l'introduction des "publicités moins personnalisées". Mais il a dû mettre en pause la communication à ses usagers européens en raison des négociations en cours avec Bruxelles. 

Depuis quelques semaines, les notifications sont de nouveau envoyées aux internautes et des modifications ont été apportées à la conception et la formulation des choix proposés. Meta se dit désormais convaincu de respecter le droit européen, tout en soulignant son désaccord avec les demandes de Bruxelles.

Garder la version gratuite et activer les pubs moins personnalisées pour limiter le suivi

En attendant le dénouement de ce bras de fer avec l'Union européenne, il n'est pas conseillé de sortir sa carte bleue pour souscrire à l'abonnement de Meta. C'est simple : payer plus de 100 euros par an pour utiliser Facebook ou Instagram n'a pas grand intérêt. Vous n'aurez plus de publicités, mais vous verrez quand même des messages d'entreprises et d'influenceurs. Et surtout, les données collectées avant la souscription continueront d'être exploitées. 

Le mieux, c'est de garder la version gratuite et d'aller cocher une option cachée dans les paramètres de l'application pour limiter la publicité ciblée. Rendez-vous dans l'onglet "Préférences publicitaires" de Facebook ou d'Instagram, puis dans "Expérience publicitaire". Là, vous choisissez l'option "publicités moins personnalisées".

De cette façon, vous verrez toujours des publicités, mais elles ne seront plus basées sur vos likes, vos clics et votre historique de navigation. Elles s'appuieront à la place sur des éléments plus génériques, comme votre genre, votre âge ou votre région. Ce qui limitera fortement l'exploitation de vos données. Pensez aussi à désactiver l’historique des activités, refuser les cookies tiers, et surveiller les applications connectées à votre compte. Ce n’est pas aussi efficace qu’une vraie alternative gratuite sans publicité ciblée, mais c’est déjà un pas vers plus de contrôle.

Attention tout de même : si vous optez pour les publicités moins personnalisées, Meta pourra interrompre votre navigation avec des "pauses publicitaires". Des clips de 5 secondes, impossibles à ignorer, sauf en fermant et en rouvrant Facebook ou Instagram. Une façon de rendre l’expérience un peu plus désagréable pour inciter à préférer les publicités ciblées.