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"Voulez-vous vous abonner, ou continuer à utiliser nos produits gratuitement avec des publicités ?". Depuis une semaine, le groupe Meta déploie une communication inédite auprès des utilisateurs européens de Facebook et Instagram. Ces derniers sont invités à choisir entre payer un abonnement pour utiliser leur compte sans pub ou continuer à en faire usage gratuitement en étant exposé à des annonces personnalisées.
Le lancement de cette offre a surpris le public. Alors qu'il semblait acquis jusqu'ici que l'utilisation de Facebook implique une collecte de données personnelles des plus généreuses, l'entreprise de Mark Zuckerberg justifie la mesure en évoquant de nouvelles règles au niveau européen. "Les lois changent dans votre région", indique ainsi le pop-up d'avertissement.
En réalité, Meta doit surtout se conformer aux dernières procédures en cours sur le continent. Après avoir passé près de 5 ans à appliquer le règlement européen de protection des données avec une interprétation du texte jugée trop large par les autorités, l'entreprise doit désormais demander aux internautes un consentement explicite pour traiter leurs données. Signe de la confusion, des messages appelant à interdire le partage de ses données avec Facebook sont partagés en masse sur la plateforme depuis ce week-end.
Quel est le prix de cet abonnement ? Facebook a-t-il le droit de faire payer ses utilisateurs ? Peut-on utiliser le réseau social gratuitement tout en contrôlant les données qu'il collecte ? Tour d'horizon des questions soulevées par la nouvelle stratégie de Meta.
Les tarifs proposés par Meta sont les suivants : un abonnement payant pour une plateforme, Facebook ou Instagram, coûte 9,99 euros par mois si l'inscription est réalisée depuis un ordinateur. Sur un mobile, il faut compter 12,99 euros par mois, Meta répercutant intégralement les 30% de commissions prélevés par Apple et Google sur achats depuis un mobile iOS ou Android. Soit une somme annuelle comprise entre 120 et 156 euros.
Pour l'instant, l'abonnement est aussi valable pour un second compte lié à un même utilisateur. Vous pouvez utiliser un compte Facebook et un compte Instagram sans publicités pour la même somme. Mais à compter de mars 2024, il faudra dépenser entre 6 et 8 euros (sur mobile) par mois pour ajouter un compte sans pub. Soit un montant potentiel de 252 euros à l'année pour deux comptes.
Cet abonnement doit aussi être distingué d'une autre offre formule payante, la certification Meta Verified, lancée en début d'année. Cet abonnement, proposé seulement en Europe et en Suisse, donne accès à un badge de vérification pour Facebook et Instagram, à une protection du compte renforcée et à un service client plus réactif. Mais il n'exonère pas des publicités. Son coût : 13,99 euros par mois depuis un ordinateur et 16,99 euros sur mobile. Et 10 euros par compte supplémentaire.
Le lancement de l'abonnement sans publicité est la conséquence des récentes condamnations judiciaires prononcées par l'Union européenne contre Meta, avec plusieurs amendes à la clé. Ces sanctions contraignent l'entreprise à demander un consentement libre et explicite à ses usagers pour les pister, conformément au règlement européen en vigueur depuis 2018.
Jusqu'ici, Meta estimait pouvoir s'en exonérer - et s'épargner un risque de voir une majorité de ses utilisateurs refuser une telle collecte - en plaidant que ses usagers avaient accepté les conditions d'utilisation de ses plateformes lors de leur inscription puis que l'utilisation de ces données était impérative pour faire fonctionner ses services. Deux interprétations rejetées ces derniers mois par les autorités européennes.
Contraint de respecter la loi européenne sous peine de s'exposer à d'importantes amendes, Meta a donc décidé d'explorer une troisième voie, sur la base d'une interprétation du droit européen basée sur le dernier arrêt de la Cour de justice de l'UE : proposer une alternative sans publicité sous la forme d'un abonnement payant, une contrepartie monétaire, aux utilisateurs qui ne souhaitent pas que leurs informations personnelles soient collectées dans le cadre du suivi publicitaire.
Ce mécanisme est critiqué car il n'offre pas d'alternative aux internautes qui ne souhaitent ni payer un abonnement, ni être exposés à des publicités personnalisées. Les détracteurs de Meta dénoncent à ce propos un marchandage du droit à la protection des données des internautes européens. Le montant de l'abonnement pourrait aussi être remis en cause s'il est jugé "déraisonnable", soit trop supérieur à ce que rapporte réellement le traitement des données des utilisateurs européens, à savoir une somme d'environ 6 euros par mois par internaute, d'après les résultats de Meta.
Le sujet est sur la table du gendarme irlandais des données personnelles, où Meta a son siège européen. Comme le souligne sur Twitter Guillaume Champeau, directeur juridique et affaires publiques de Clever Cloud et spécialiste des nouvelles technologies, auteur d'un article de blog sur le sujet : "La Cnil estonienne a déjà fait savoir qu’elle demanderait à son homologue irlandaise de déclarer le procédé non conforme, et ce ne sera sûrement pas la seule. Si ça tient, on ne pourra plus dire que “toute personne a droit à la protection de ses données personnelles” (charte des droits fondamentaux de l’UE) mais uniquement celles qui peuvent se l’offrir".
Signe de la confusion suscitée par ces offres d'abonnement, des milliers d'utilisateurs de Facebook ont commencé à partager des messages censés protéger leurs données, renouant avec une vieille tradition du réseau social. Ces publications indiquent que les usagers n'autorisent pas Facebook et ses entités à utiliser leurs données.
"Je n’autorise pas Facebook ni aucune entité associée à Facebook à utiliser mes photos, informations, messages ou publications, passés et futurs, débute ce message. Avec cette déclaration, j’avise Facebook qu’il est strictement interdit de divulguer, copier, distribuer ou prendre toute autre mesure contre moi sur la base de ce profil et/ou de son contenu. La violation de la vie privée peut être punie par la loi.", peut-on lire sur l'un des messages.
En réalité, ces chaînes de messages n'ont aucune valeur juridique et ne sauraient contraindre Meta à modifier ses pratiques en matière de collecte de données. Seules les conditions générales de la plateforme, acceptées lors de l'inscription, sont en capacité de régir ses relations avec ses utilisateurs.
Cela dit, il est possible de continuer à utiliser Facebook et Instagram gratuitement tout en limitant l'ampleur de la collecte de données personnelles réalisée par ces plateformes. Il faut pour cela passer en revue les options relatives à la publicité dans les paramètres des deux applications et les réglages de votre smartphone. Nous avons publié un article dédié à cette question pour vous guider dans ces opérations sur Facebook et sur votre mobile.
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