Les SeaBubbles sont de retour à Paris. Depuis quelques jours, les vaisseaux futuristes de la startup française fondée par l'ancien skypper Alain Thébault et l'ex-windsurfer Anders Bringdal circulent à nouveau sur la Seine. Près d'un an après avoir fait naviguer la maire de Paris Anne Hidalgo sur un premier prototype, les deux entrepreneurs ont obtenu l'autorisation de réaliser des tests dans la capitale jusqu'au 28 mai sur deux des cinq modèles de présérie sortis de leur usine. Les ingénieurs de la société vérifient le calibrage des engins et l'efficience de leur logiciel en condition de navigation réelle sur le fleuve parisien. RTL Futur a pu monter à bord de l'une des deux bulles quelques jours avant le salon de l'innovation parisien VivaTech où l'entreprise mettra en vente 20 premiers modèles en précommande, livrables dans un an, au prix de 140.000 euros pièces.
Ces bulles étranges de la taille d'une petite voiture, dont le nez est entièrement vitré, peuvent accueillir quatre passagers et un pilote. Elles ne flottent pas comme des bateaux. Propulsées par des moteurs électriques, elles se soulèvent au-dessus de l'eau grâce à de fines ailes immergées en fibre de verre. Le pilote détermine la hauteur de vol en fonction du clapot sur une échelle de 10 à 50 cm. Cela permet aux bulles de glisser sur l'eau sans être freinées par les vagues et leurs traînées. Le gain de vitesse est de l'ordre de 40%, selon la société. À l'intérieur, les passagers ne ressentent quasiment pas de secousses. Sauf à l'arrêt, où le véhicule est de nouveau sujet aux remous du fleuve.
Les fondateurs de SeaBubbles espèrent imposer leur solution comme le taxi du futur. Face à une rude concurrence mondiale dans la course aux voitures volantes et non polluantes, ils mettent en avant leur approche innovante visant à décongestionner les centres urbains en passant par les voies fluviales. Avec ces nouveaux essais sur la Seine, les anciens navigateurs s'offrent une tournée médiatique en forme de revanche après avoir été proches de jeter l'éponge cet automne. Fin octobre, le navigateur et son associé étaient montés au créneau pour dénoncer des lourdeurs administratives françaises peu en phase avec l'image de la start-up nation véhiculée par le Président Emmanuel Macron.
Après avoir levé plusieurs millions d'euros depuis son lancement fin 2015, SeaBubbles faisait face à la fermeté du port autonome de Paris qui refusait d'accéder aux conditions des entrepreneurs qui souhaitaient pouvoir amarrer sans frais leurs stations d'accueil à plusieurs endroits du fleuve et relever les limitations de vitesse sur l'eau. La société créait alors une filiale en Suisse pour mener à bien la suite de ses essais sur les bords du Lac Léman. Six mois plus tard, tous les obstacles ne sont pas levés. La réglementation impose toujours une vitesse maximale de 12 km/h sur la Seine en centre-ville et de 18 km/h au-delà quand le rythme de croisière des bulles se situe plutôt entre 25 km/h et 50 km/h.
Mais l'entreprise bénéficie du soutien de la ville de Paris et espère que les autorités changeront bientôt leur fusil d'épaule. "En deux ans, on est passé d’un rêve à la réalité. Après, c’est aux politiques de prendre le relais. Anne Hidalgo a une vision pour Paris. Elle veut fermer la ville au diesel. Nous, on a fait notre part du chemin. C’est à Elisabeth Borne, ministre des Transports, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, et au Président Macron de montrer qu’on est dans une start-up nation. Il faut de l’espace, des bornes de chargement, rendre tout cela possible et c’est la responsabilité des politiques auxquels on passe le relais aujourd’hui.", souligne Alain Thébault.
En attendant de voir la législation évoluer, Alain Thébault et Anders Bringdal espèrent mener des essais à Dubaï, où les autorités permettraient à leurs bulles de voguer à plus de 60 km/h, ou à Venise, où la navigation sans vague aurait séduit les pouvoirs publics. Ils vont prochainement améliorer l'autonomie des engins, qui passerait de 4h à 7h. À terme, leur objectif est d'en faire des véhicules totalement autonomes proposés sous la forme d'un service associé à une application permettant de les commander de la même manière qu'un Uber.
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