Procès Meta : Mark Zuckerberg minimise la menace que représentait Instagram pour Facebook en 2012

Que représentait Instagram pour Facebook au moment de son rachat il y a 13 ans ? Au premier jour du procès de Meta, lundi 14 avril, son patron Mark Zuckerberg a été longuement interrogé sur le contexte dans lequel s'est inscrite l'acquisition de la plateforme de partage de photos pour un montant d'un milliard de dollars en 2012. 

Selon la Federal Trade Commission, le gendarme américain de la concurrence, cette opération a été la première d'une série de mesures anticoncurrentielles qui ont permis au géant des réseaux sociaux d'étouffer des concurrents potentiels et d'asseoir sa domination sur le secteur. 

L'affaire arrive au tribunal 5 ans après la plainte déposée sous le premier gouvernement Trump. Si Meta perd, il pourrait être contraint de se séparer d'Instagram mais aussi de WhatsApp, acquis en 2014 pour 19 milliards de dollars.

Mark Zuckerberg jugeait l'impact potentiel d'Instagram "vraiment effrayant" en 2012

Mark Zuckerberg a été appelé en premier à la barre. Pendant 3 heures, le milliardaire a remonté le temps pour contextualiser la période précédant l'acquisition d'Instagram, des débuts de Facebook en position d'outsider à la transition difficile vers la téléphonie mobile en 2012. L'entrepreneur est revenu sur la mission fondatrice de Facebook, qui était de faciliter les relations amicales et familiales, et sur la manière dont ses différents concurrents ont remis en question cette ambition.

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Mark Zuckerberg a ensuite été longuement questionné sur ses inquiétudes face à la montée en puissance d'Instagram dès sa création, alors que Facebook peinait à développer son propre projet d'application photo - qui ne verra finalement jamais le jour. L'avocat principal de la FTC, Daniel Matheson, a montré au PDG des courriels internes dans lesquels il prévenait ses collaborateurs que "l'impact potentiel d'Instagram est vraiment effrayant". Dans d'autres messages, rapportés par The Verge, il se plaignait de la lenteur du développement de l'application Facebook Camera. "Il faut vraiment qu'on se mobilise vite, vu la croissance fulgurante d'Instagram", écrivait-il alors. 

Dans un autre message datant de février 2012, le milliardaire a même émis la possibilité de racheter Instagram et de laisser tomber l'application en désuétude. "En ne tuant pas leurs produits, nous évitons que tout le monde nous déteste et nous nous assurons que nous ne créons pas immédiatement un trou dans le marché que quelqu'un d'autre pourrait combler, mais tout le développement futur irait à nos produits phares", écrivait-il.

Malgré ces éléments, Mark Zuckerberg s'est évertué à minimiser la menace que représentait Instagram pour Facebook à cette période. Instagram était-il un concurrent pour Facebook à l'époque ? "Oui, bien sûr", a répondu le dirigeant à Daniel Matheson. "Était-ce le principal problème ? Pas à ma connaissance", a-t-il cependant ajouté.

Un procès de 8 semaines

Pour la FTC, Meta "a décidé que la concurrence était trop rude et que ce serait plus facile d'acheter ses rivaux plutôt que d'être en concurrence avec eux", a défendu dans son propos introductif le représentant de l'autorité. Il s'agissait pour Meta "d'éliminer des menaces immédiates", a-t-il insisté. "Des acquisitions" engagées avec la volonté "de faire grandir et d'améliorer les entreprises rachetées n'ont jamais été illégales", lui a répondu l'avocat de Meta, Mark Hansen, en décrivant les deux opérations comme "des réussites" pour les consommateurs. Instagram, qui comptabilisait 30 millions d'utilisateurs mensuels au moment de son rachat, compte aujourd'hui 2 milliards d'utilisateurs à travers le monde. Un succès que les avocats de Meta attribuent aux investissements substantiels du groupe.

Mark Zuckerberg sera à nouveau entendu mardi. Durant les 8 semaines du procès, ses avocats vont essayer de montrer qu'Instagram et WhatsApp ne sont devenus des applications incontournables que grâce aux investissements de son groupe. L'enjeu pour Meta sera de démontrer que le marché de l'attention est bien plus vaste que la définition qui a été retenue par la FTC. 

Pour l'autorité américaine, les services de Meta relèvent des "réseaux sociaux personnels", qui permettent de rester en contact avec la famille et les amis; les autres grandes plateformes telles que les très populaires TikTok et YouTube n'appartiennent pas à la même catégorie. Une perspective que la firme de Menlo Park (Silicon Valley) rejette. Faciliter les relations amicales et familiales, "cela fait définitivement partie de ce que nous faisons, mais cette activité n'a pas vraiment progressé par rapport à d'autres aspects", a souligné Mark Zuckerberg devant le tribunal.

La FTC va chercher à démontrer que le monopole de Meta sur le marché des "réseaux sociaux personnels" se traduit par un usage dégradé pour les usagers, contraints de tolérer trop de publicités et de changements abrupts. La plainte contre le groupe de Menlo Park (Silicon Valley) est l'une des cinq grandes actions antitrust lancées ces dernières années par le gouvernement américain dans le secteur des technologies. Google a été reconnu coupable d'abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne en août dernier, tandis qu'Apple et Amazon font également l'objet de poursuites.