Après les principaux sites pornographiques mondiaux, au tour de Twitter d'être attaqué en France au motif qu'il expose trop facilement les enfants à la pornographie en ligne. Comme le rapporte le site spécialisé NexInpact, plusieurs associations de protection de l'enfance, en collaboration avec l'Observatoire de l'éducation numérique (OPEN), ont saisi l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) ce lundi 29 août pour mettre en demeure Twitter de ne plus laisser des mineurs accéder à des contenus pornographiques, pédopornographiques et zoophiles sans avertissement. Elles avaient déjà publié une tribune au printemps pour dénoncer le manque de contrôle sur le réseau social.
"Twitter a la particularité de ne pas bannir la pornographie dans ses conditions d'utilisation. On trouve sur la plateforme des contenus pornographiques d'une rare violence, qui sont parfois accompagnés de contenus pédopornographiques ou zoophiles, complètement illicites. Et ce, alors que la plateforme autorise la création d'un compte dès l'âge de 13 ans", explique Thomas Rohmer, directeur et fondateur de l'Open, joint par RTL.
Pour seules barrières, la plateforme, qui précise dans ses conditions que "ses services ne sont pas destinés aux enfants", propose à ses utilisateurs de cocher une case lorsqu'ils publient un contenu sensible, ou de lui signaler les contenus sensibles qu'ils rencontrent en vue d'afficher un avertissement. Face à ce constat, les associations ont écrit à Twitter au printemps dernier. Mais le réseau social les aurait redirigées vers son antenne irlandaise. Une fin de non-recevoir qui les a incitées à saisir l'autorité compétente en France, l'Arcom, investie de nouvelles missions de régulation cet automne.
L'action des associations s'appuie sur la même base juridique que les deux initiatives visant les sites pornographiques les plus populaires ces derniers mois : la loi de juillet 2020 qui impose aux sites hébergeant des contenus pornographiques de contrôler l'âge de leurs internautes pour empêcher l'accès des mineurs aux vidéos pour adultes, passible de trois ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Ils ne peuvent plus se contenter d'un simple "disclaimer" sur lequel il suffit de cliquer pour attester de sa majorité et doivent mettre en place un filtrage robuste. L'Arcom, anciennement CSA, a le pouvoir de mettre en demeure les sites Internet qui contreviennent à cette loi et peut entamer une procédure judiciaire pouvant mener jusqu'à leur blocage dans l'Hexagone.
L'objectif des associations n'est "pas de bannir Twitter de France" mais d'impulser "un débat sur l'encadrement et la régulation de la présence des mineurs sur les réseaux sociaux". "Twitter ne respecte pas lois de protection de l'enfance en vigueur. On leur demande de faire le ménage par rapport à certains comptes, soit par une mesure technique, soit par un système d'auto-régulatio, avec un blocage des contenus plus rapides après les signalements. Ce n'est pas à nous de faire le ménage et de supprimer les contenus illicites", estime Thomas Rohmer. En parallèle à ce nouveau front ouvert en France contre l'exposition des mineurs au porno en ligne, le sort de plusieurs sites pour adultes parmi les plus visités au monde sera tranché le 6 septembre au tribunal judiciaire de Paris.
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