Réunie à Toulouse, mercredi 16 février, dans le cadre du sommet européen de l'espace, l'Union européenne a défendu son intention de créer une constellation de satellite pour préserver son indépendance face à la Chine ou aux Etats-Unis.
La Commission européenne a fini par approuver le projet imaginé par Therry Breton de constellation européenne de satellites en orbite terrestre basse afin de délivrer un accès au très haut débit Internet propre à l'UE et une couverture de communications commerciales à l'échelle de l'UE et l'Afrique.
Un programme de 6 milliards d'euros est dans les tuyaux mêlant des groupes européens comme Airbus, Eutelstat ou SES. L'enjeu est de se lancer avant que les orbites et fréquences ne soient trop encombrées par les réseaux privés de Starlink (SpaceX) et Kuiper (Blue Origin) qui commencent à être commercialisés un peu partout.
Mais l'Europe a-t-elle les moyens de résister aux milliards d'Elon Musk et de Jeff Bezos ? C'est la vraie question des années qui viennent. L'Europe est en train de se rendre compte que la course à l'Espace a été privatisée par des milliardaires et qu'on est en train de se faire distancer.
Le carburant des fusées, ce n'est pas de l'hydrazyne (un mélange à base d'hydrogène). Non, le principal carburant, ce sont les dollars. Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon injecte tous les ans 1 milliard dans son entreprise Blue Origin. De son côté, Elon Musk a révolutionné le modèle économique des missions spatiales avec ses fusées Falcon X capables de revenir sur Terre pour faire de nouveaux trajets. Révolution derrière laquelle court toujours la fusée Ariane.
Au-delà du tourisme spatial, les milliardaires américains cherchent à mettre sur orbite la prochaine révolution spatiale. L'enjeu, ce sont les satellites de communication et les objets connectés qui sont en train d'envahir la Terre.
Dans les prochaines années, nous allons communiquer à la vitesse de la lumière grâce à la 5G. Nous allons piloter des drones, des voitures et des trains de façon autonome. Nous allons aussi faire de la télémédecine en masse grâce à un internet piloté depuis les satellites de communication dans l'espace.
Si l'Europe laisse les milliardaires américains envoyer leurs satellites sans elle, tous nos appareils seront dépendants de la technologie américaine ou chinoise. C'est un enjeu industriel pour l'Europe et pour la France en particulier. L'industrie spatiale fait travailler 40.000 personnes en Europe dont 16.000 en France.
Elon Musk prévoit de lancer 42.000 mini-satellites de communication dans les prochaines années. Jeff Bezos plus de 3.000. Pareil pour la Chine. Le satellite est devenu un produit jetable et low cost. Autrefois, un satellite de communication valait 100 millions de dollars et durait 15 ans avant de disparaitre dans l'infini. Désormais, ils font la taille d'un frigo, coûtent quelques dizaines de milliers de dollars et durent 5 ans.
L'une des missions que l'Europe se fixe est aussi d'inventer un code de la route spatiale. Car il y a un risque de pollution avec tous ces satellites mais aussi de collision et donc de perte de communication ou de chute de débris sur Terre.
Les États n'ont pas encore perdu la main face aux milliardaires dans la conquête spatiale. Il faut maintenant associer les entreprises privées tout en gardant une préférence européenne avec un contrôle des Etats. C'est exactement ce que font Américains, Russes ou Chinois. Il faut beaucoup d'argent et l'appui technologique de startups. On peut s'appuyer sur un pôle breton en ce qui nous concerne.
Mais on n'est plus en 1983, à l'époque de la guerre froide, quand Reagan lançait son programme de bouclier de défense spatial (ce qu'on a appelé la Guerre des Etoiles).
Il n'empêche : l'espace doit être régulé par les Etats pour éviter qu'il ne devienne le Far West.
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