De l'IA à tous les étages chez Google : nouveau moteur de recherche, agents autonomes, lunettes XR... Le résumé des annonces

Google était attendu au tournant. La riposte fut massive. Alors que sa suprématie dans la recherche en ligne est contestée par la montée en puissance de nouveaux acteurs pour répondre aux questions des internautes et que son modèle économique vacille sous la menace d'un procès antitrust intenté par les autorités américaines qui pourrait conduire à une cession de Chrome, le géant de Mountain View a sorti l'artillerie lourde, mardi 20 mai, pour l'ouverture de sa conférence annuelle Google I/O. 

Devant plus de 5.000 journalistes, créateurs de contenus et développeurs du monde entier, la firme a injecté de l'intelligence artificielle à tous les étages pour amorcer une transformation en profondeur de son moteur de recherche, franchir un nouveau cap dans la conception d'un agent intelligent universel et poser les jalons d'une future paire de lunettes connectées capable d'interagir avec leur environnement, les graals actuellement poursuivis par les géants de la tech. 

Google était particulièrement attendu dans la recherche en ligne. Cette activité qui pèse pour plus de la moitié de ses revenus a vu sa part de marché passer pour la première fois en 10 ans sous la barre des 90% au dernier trimestre de 2024. Et pour la première fois en 20 ans, le trafic du moteur de recherche Google installé par défaut sur les iPhone a baissé le mois dernier. 

Ces inflexions historiques traduisent l'irrésistible percée des assistants IA qui surfent sur Internet pour apporter des réponses immédiates, fluides, contextualisées et sans publicités aux internautes. En l'espace de deux ans, Open AI a ancré son assistant ChatGPT dans le quotidien de 500 millions d'internautes. Et Perplexity AI ambitionne aujourd'hui de défier Google sur son terrain historique en lançant son propre navigateur web.

Un moteur de recherche plus proactif et visuel

Google n'a plus de temps à perdre. Le groupe doit prouver aux marchés que les dizaines de milliards de dollars investis dans l'intelligence artificielle produisent des résultats. Sur la scène de l'amphithéâtre Shoreline de Mountain View, son directeur général Sundar Pichai s'est employé à multiplier les annonces, à commencer par la refonte de "Google Search". 

Le moteur de recherche qui a façonné le web des vingt dernières années autour de la recherche par mots-clés va progressivement faire de la place à la recherche conversationnelle. Un an après avoir inauguré les "Aperçus IA", les blocs de réponses synthétiques qui s'affichent en tête des résultats devant les liens habituels, un nouvel onglet "AI Mode" va faire son apparition pour traiter des requêtes plus complexes et humaines. Ce nouvel espace dotera le moteur de recherche d'une interface conversationnelle, plus adaptée aux questions et aux relances des internautes. 

Un autre outil baptisé Deep Search se chargera de fragmenter les questions en sous-requêtes à la manière des recherches profondes de ChatGPT. Cette fonctionnalité pourra explorer le web, analyser les sources et restituer les résultats sous forme de synthèse, tableaux et graphiques. 

Au cœur de cette métamorphose, l'assistant Gemini est désormais décliné dans une version "Search", qui promet des réponses plus complètes et mieux documentées ainsi qu'un raisonnement plus poussé, de façon à pouvoir répondre à des questions techniques. Grâce à la fonction Personal Context, l’assistant pourra personnaliser ses réponses en s’appuyant sur le profil, l'historique de navigation, les e-mails ou encore les documents en ligne, à condition de donner son consentement. 

Les bases d'un futur agent conversationnel universel

À travers ces évolutions, Google ne cache plus son ambition : transformer son moteur de recherche en un véritable agent conversationnel, à la manière de ChatGPT, mais profondément intégré à l’écosystème Google. "C’est le futur de la recherche", a affirmé Liz Reid, responsable du Search chez Google. Un futur où l’IA ne se contente plus d’informer, mais agit, anticipe et s’adapte aux besoins de l'internaute. Une ambition partagée par Meta, Microsoft et OpenAI. Pour Demis Hassabis, PDG de Google DeepMind, les progrès récents de Gemini sont autant d’étapes vers "un assistant universel, capable de comprendre votre contexte, de planifier et d’agir pour vous, sur n’importe quel appareil".

Dans cette optique, Google a dévoilé le mode agent de Gemini, capable d’exécuter de manière autonome des tâches répétitives. Dans le cadre d’une recherche de logement, l’IA pourra sélectionner les annonces correspondant aux critères de l’utilisateur, établir des comparaisons, organiser des visites et les intégrer directement au calendrier. Même logique appliquée au e-commerce : un nouvel outil baptisé "Buy for me", en cours de déploiement aux États-Unis, promet de gérer l’ensemble du processus d’achat, depuis la sélection des produits jusqu’à l’acte d’achat automatisé à un prix préfixé en passant par l'essayage, avec une nouvelle fonctionnalité qui permet de créer un avatar en 3D pour ensuite lui appliquer des représentations de vêtements.

Un prototype de lunettes connectées

Google capitalise aussi sur le Projet Astra, son IA multimodale qui permettra d’interagir avec l’environnement visuel en temps réel, pour obtenir des informations sur un objet ou un lieu filmé depuis la caméra du téléphone. La recherche par vidéo sera au cœur des futures lunettes connectées dévoilées mardi par Google en partenariat avec Samsung et Kering pour jouer sur les plates-bandes des Ray-Ban Meta. 

Encore au stade de prototype, le produit est basé sur la plateforme de réalité étendue Android XR et prévoit d'intégrer les principales applications de Google avec l'assistant Gemini comme chef d'orchestre. Il sera possible de traduire des propos en temps réel, d'enregistrer des séquences, de demander des informations sur des éléments environnants et de retrouver des éléments croisés sur son chemin. Aucun prix ni date de sortie n'ont été annoncés pour le moment.

Des nouveautés qui se feront attendre en Europe

La plupart des nouveautés dévoilées mardi par Google ne sont pas encore annoncées en France. Les changements projetés par la firme promettent de soulever des enjeux économiques majeurs. Consciente des tensions que ces évolutions peuvent engendrer, la firme a choisi d'avancer prudemment sur certains marchés, notamment en Europe, où les régulateurs surveillent de près ses ambitions et leurs effets sur la concurrence.

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