Dans le Pas-de-Calais, la première usine de batteries pour les voitures électriques en France va être inaugurée, ce mardi 30 mai. Ces batteries spéciales sont fabriquées à base de lithium. Obligée d'aller le chercher en Amérique du Sud ou en Australie, la France pourrait bien réussir à se fournir elle-même. En Alsace, plusieurs groupes industriels ont obtenu des permis de prospection pour rechercher ce lithium.
À Soultz-sous-Forêts, ville où la première centrale géothermique a vu le jour dans les années 90, l'extraction du lithium a été testée. Christophe Schimpf est convaincu du potentiel de la filière. "J'ai eu la chance d'avoir un premier échantillon de ce lithium, (...) ça fonctionne", remarque l'élu alsacien. Ce dernier met en avant le côté "propre" de cette extraction car elle est non polluante.
Sur le fonctionnement, le circuit fermé, semblable à celui vu pour la géothermie profonde, est utilisé. Un puits est creusé pour aller à 2.500 mètres de profondeur, où l'on trouve de l'eau chauffée à 170 degrés. Cette eau est pompée, la chaleur est récupérée et réinjectée dans le sous-sol pour qu'elle se réchauffe à nouveau. En Alsace, l'eau est chargée en lithium.
On est assis sur quelque chose d'assez énorme.
Jean-Jacques Graff, président de l'Association Française des Professionnels de la Géothermie
Et les ingénieurs ont trouvé le moyen de capturer le lithium avec un système de filtration. "On est assis sur quelque chose d'assez énorme", avoue Jean-Jacques Graff, président de l'Association Française des Professionnels de la Géothermie (AGPG). Selon lui, la teneur de lithium est de 150mg/litre d'eau. Avec une centrale classique, plus de 2.000 tonnes de carbonate de lithium pourraient être extraites chaque année.
Au tarif actuel, cette importante extraction rapporterait 80 millions d'euros par an. L'intérêt est aussi stratégique au niveau des besoins de l'industrie française. "L'Alsace du nord pourrait produire 50% des besoins français", remarque Jean-Jacques Graff qui a fait le calcul avec une dizaine de centrales.
Si le potentiel est énorme, un projet de géothermie profonde a été l'origine de plusieurs séismes autour de Strasbourg. Ce risque inquiète les habitants de la région alsacienne. C'est notamment le cas à Roeschwoog, petite commune près du Rhin. La ville se situe dans l'un des périmètres de prospection. Comme l'explique le maire Michel Lorentz, le conseil municipal a voté une résolution pour s'opposer à tout forage.
Martine et Sébastien, membres du Groupe de Résistance Alsace Anti-Lithium, sont inquiets face à ce risque d'avoir un séisme. Les nombreux opérateurs risquent de se rejeter la faute en cas d'accident. "S'il y a un problème, un accident, ça sera aux particuliers de chercher à trouver qui est le coupable pour pouvoir être dédommagés", pointe Martine.
Les professionnels de la géothermie promettent qu’ils ont parfaitement analysé ce qui s’est passé au nord de Strasbourg. Les erreurs auraient compris les erreurs commises lors de ce forage, promettant qu'un tel accident ne se reproduira plus. Même si le risque zéro n'existe pas. L’exploitation du lithium en Alsace pourrait commencer en 2026 pour les projets les plus avancés.