Si on recréait l’ISF, l’impôt sur le capital des riches, pour financer la transition énergétique ? C'est la stratégie qu'envisage le gouvernement pour subventionner la facture colossale de la transition énergétique. Il ne se passe guère de temps sans que l’impôt de solidarité sur la Fortune ne repointe sa tête, à la faveur d’une crise sociale comme celle des Gilets Jaunes ou, cette fois-ci, la crise climatique.
C’est un rapport d’un organisme officiel, France Stratégie, qui préconise de remettre en place un impôt climatique pour financer en centaines de milliards d’euros nécessaires pour atteindre nos objectifs en matière de réduction d’émissions carbone d’ici 2030. Il a été piloté par un économiste de renom, Jean Pisani-Ferry, qui a été l’un des artisans du programme économique d’Emmanuel Macron en 2017.
Il faut tout changer dans notre système productif. Faire de l’électricité renouvelable ou nucléaire, se débarrasser des véhicules thermiques au profit de voitures électriques, décarboner les usines, isoler les bâtiments, investir dans la production de nouvelles sources d’énergie… Rien que pour un ménage de la classe moyenne française, ça représente une année de revenu. Autrement dit, si nous voulons respecter les engagements que nous avons pris, il faut que chaque famille affecte, d’ici 2030, 10 à 15% de ses revenus à réduire ses émissions. C’est évidemment impossible pour la très grande majorité des Français.
Le rapport préconise en réalité d’associer endettement public et fiscalité, pour financer ce gigantesque effort d’investissement pour le pays. Ce sont les 10% de Français les plus fortunés, qui l’acquitteraient sur leur patrimoine financier, soit 3000 milliards d’euros selon le rapport, c’est un chiffre de la Banque de France. Ce patrimoine financier, qui n’est plus taxé aujourd’hui, ce sont des placements, des actions, les assurances-vie. Ces ménages seraient ponctionnés au total de 5% de la valeur de leurs actifs, soit 150 milliards d’euros échelonnés sur dix ans.
Il est très peu probable que cet impôt soit mis en œuvre sous ce mandat présidentiel, pour une raison simple : c’est Emmanuel Macron lui-même qui a supprimé la taxation du patrimoine financier en 2018, c’était justement l’ISF. Au nom du dynamisme de l’économie. Cette suppression, très controversée, est un marqueur de son action, on voit mal le Président revenir en arrière. D’autant que le projet évoqué est beaucoup plus large dans son assiette, puisque 10% des Français le paieraient, contre 1% seulement pour l’ISF.
Tout irréaliste qu’il soit sur ce point, ce rapport a pourtant l’avantage de pointer une vérité souvent occultée : si l’on veut être vertueux en matière climatique, le recours à l’impôt risque de s’avérer nécessaire. Et le gouvernement va donc devoir choisir entre deux désagréments : soit renier sa promesse de ne pas augmenter les impôts, soit renier sa promesse de tenir l’objectif climatique.
Et cela pour plusieurs raisons : nos finances publiques sont dégradées, et ne permettront donc pas de financer un tel effort par l’emprunt seul. Et que pour autant, il est impensable de laisser les classes moyennes et populaires se débrouiller face à ce mur d’investissement. Il va falloir les aider. Or même pour les justes causes, l’argent ne tombe pas du ciel.
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