Les députés ont adopté jeudi en première lecture une proposition de loi pour abroger, et pas seulement suspendre, l'obligation vaccinale anti-Covid des soignants. Ce vote constitue un échec pour gouvernement et majorité. "Le complotisme l'a emporté sur la science", a déploré après le premier vote le ministre de la Santé. François Braun s'est opposé à un texte qui va, selon lui, "affaiblir notre capacité de réponse" face au Covid et qui envoie un "message regrettable".
Le gouvernement a déjà annoncé la réintégration à venir des soignants non-vaccinés, après un avis de la Haute autorité de Santé (HAS). Elle pourrait débuter dès le 15 mai. Mais la proposition gouvernementale est insuffisante pour de nombreux députés d'opposition, notamment d'outre-mer.
A l'instar de Jean-Victor Castor (Guyane), auteur du texte étudié dans le cadre d'une journée réservée à son groupe à majorité communiste. "Le décret ne fera que suspendre les suspensions (de personnels), laissant la possibilité au gouvernement" d'y recourir à nouveau, a insisté le député. Le texte prévoit également que les agents "conservent le droit à l'avancement qu'ils possédaient avant la suspension". Le débat est resté globalement calme, loin de l'embrasement qu'avait suscité un texte de La France insoumise portant sur le même sujet, en novembre dernier.
Les députés de gauche se sont attachés à rejeter les accusations en "complotisme". "Je redis le respect que nous avons pour les scientifiques, pour la vaccination", a insisté le secrétaire national du PCF Fabien Roussel. Plusieurs élus ont insisté pour obtenir une abrogation, afin qu'une éventuelle nouvelle obligation vaccinale passe forcément par le Parlement, et non par décret.
Les députés de la majorité présidentielle se sont tous prononcés contre. Insuffisant face aux voix combinées des oppositions, qui ont fait passer le texte avec 157 voix contre 137. Ce vote a fait vivement réagir plusieurs organisations de soignants. Le vice-président du Conseil national de l'ordre des médecins, Jean-Marcel Mourgues, a dit son "incompréhension", alors que "le Covid continue de rendre malade et de tuer beaucoup de monde".