Sexualité : "On a des fantasmes de domination et c'est compliqué de les reprogrammer", dit Ovidie

Féministe, réalisatrice et autrice, Ovidie a publié en 2023 le roman La chair est triste hélas dans lequel elle raconte ses quatre années passées sans faire l'amour. Dans cet épisode d'OrgasmiQ, elle aborde le sujet des fantasmes érotiques, encore imprégnés par une forme de domination.

En effet, notre façon de percevoir et d'expérimenter la sexualité est largement influencée par l'environnement culturel dans lequel nous avons été immergés. Alors, comment peut-on reprogrammer notre imaginaire érotique ?

D'abord, il est important de noter le rôle crucial que joue l'évolution sociale dans cette redéfinition. Comme Ovidie l'a souligné, la génération Z se distingue par une approche plus consciente du consentement et une remise en question des normes de genre traditionnelles. Ayant grandi avec l'impact du mouvement #MeToo, cette génération aborde la sexualité avec sensibilité.

La déconstruction des stéréotypes

Pour reprogrammer notre imaginaire érotique, il faut d'abord accepter de déconstruire les stéréotypes. Comme noté dans la discussion, les fantasmes dominants sont souvent imprégnés de dynamiques de pouvoir issues d'une société patriarcale. Cela nécessite un exercice de conscientisation : reconnaître les origines sexistes de ces images pour les mettre à distance et se réapproprier notre désir propre, en dehors des clichés usés du prince charmant ou des rôles de dominance et soumission.

L'égalité peut même être "sexy". Trop souvent, le discours culturel a présenté la sexualité comme intrinsèquement liée à un jeu de pouvoir. Pourtant, envisager des interactions érotiques basées sur un respect mutuel et une égalité véritable peut ouvrir la voie à des expériences plus enrichissantes et authentiques. Cela défie l'idée reçue qu'il faut nécessairement une dynamique de domination pour qu'un échange soit excitant.

Ouvrir le dialogue pour libérer la parole

Finalement, reprogrammer notre imaginaire passe par un processus continuel de questionnement de nos propres désirs, de leur provenance et de la façon dont nous choisissons de les incarner. Ouvrir le dialogue, comme Ovidie l'a fait à travers ses œuvres, contribue à libérer la parole et à rendre légitime une diversité d'expériences sexuelles, y compris l'absence de sexualité.