"J'en ai assez du sofa, j'en ai assez du hall, j'en ai assez de la table de la cuisine. Allons dehors." En 1998, George Michael met en musique un fantasme universel : celui de s'adonner aux plaisirs à deux, loin de l'intimité du lit conjugal. Un défi érotique dont la note peut se révéler salée : l'article 222-23 du code pénal condamne "l'exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui dans un lieu accessible aux regards du public" d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende. Un jeu dangereux qui semble en valoir la chandelle, tant le sexe dans la nature semble éveiller l'excitation dans l'imaginaire collectif.
Si tout le monde a déjà entendu parler d'un couple qui s'est clandestinement amusé dans les vestiaires d'une piscine, dans les toilettes d'une boîte ou sur un couvercle du local à poubelle, la gent masculine entretient-elle vraiment une appétence pour le sexe en plein air ? S'agit-il d'une démarche spontanée ou d'un moyen calculé de mettre un peu de piment dans la vie de couple ? Est-ce si agréable que ça ? Girls a décidé de poser directement la question à quatre garçons.
"Je l'ai déjà fait à Berlin, sur le toit de mon université. C'était en fin de soirée, vers 6 heures du matin, avec une fille que je connaissais depuis un mois. Nous n'y avions pas particulièrement réfléchi : c'était l'été, le soleil se levait et nous avions une super vue. Ça nous a permis de changer un peu les habitudes.
C'est une des très rares fois où j'ai fait l'amour en plein air. La question se posait surtout lorsque j'étais plus jeune et qu'aucun des deux n'avait sa maison de libre. Aujourd'hui, je trouve cela désagréable : il faut trouver un bon endroit, vérifier constamment que personne ne peut nous voir... En plus, c'est inconfortable et on risque de se retrouver un peu limités en terme de positions.
Le risque d'être vu pendant l'acte me fait plus peur qu'envie
Martin
Le sexe en plein air n'a jamais fait partie de mes fantasmes : le risque d'être surpris me met mal à l'aise. Être vu pendant l'acte me fait plus peur qu'envie, et cela prend le pas sur mon excitation. Ça ne veut pas dire que je refuse de m'aventurer en dehors du lit, mais je préfère être au calme."
"J'ai fait plusieurs fois l'amour dehors, notamment dans les toilettes d'un train ou à l’orée d'un bois. À chaque fois, c'était une envie ponctuelle. Mes partenaires et moi n'en avions jamais parlé au préalable.
Si nous sommes surpris, ça ne me plaira pas
Dylan
La perspective de faire l'amour dehors ne me dérange pas mais elle ne m'excite pas particulièrement non plus. Savoir qu'on peut être pris sur le fait ne me fait pas fantasmer. D'ailleurs, je ne pense pas à cette éventualité pendant l'acte et je m'assure avant de démarrer qu'on ne risque rien. Si jamais on est surpris, je sais que je ne prendrai pas de plaisir.
J'ai l'impression que beaucoup de gens s'essayent au sexe en extérieur, mais je n'en parle pas vraiment avec mes potes. Je ne tire pas de fierté particulière d'avoir tenté. Au mieux, c'est une anecdote marrante à raconter."
"Je n'ai jamais eu l'occasion de faire l'amour dans un lieu public, mais j'avoue que l'idée me plaît pas mal. La perspective est très excitante : tu peux te faire choper à tout moment, tu dois être vachement alerte. Et puis c'est une manière de sortir d'une routine, c'est original.
Là où je travaille, il y a eu des traces de mains sur les parois de l’ascenseur pendant une semaine. C'était très équivoque : tout le monde savait que quelqu'un y avait fait l'amour, on en parlait entre nous et personne n'a jamais avoué. Le mec qui a fait ça a vu les traces de ses mains pendant des jours, je trouve que c'est fou.
Il y a un sentiment d'exploit : si je couchais avec quelqu'un en extérieur, je serais assez content de moi
Yohan
Il y a aussi un sentiment d'exploit. Si je couchais avec quelqu'un en extérieur, je serais assez content de moi. Tu te dis que tu fais l'amour à un endroit où personne ne l'a jamais fait. Par contre, si la perspective de pouvoir me faire surprendre m'excite, ça ne me plairait pas du tout dans la pratique. Ça peut vite passer d'une expérience sympa à un cauchemar."
"Je ne l'ai jamais fait et je ne suis pas du tout tenté. J'ai déjà eu l'occasion dans le sauna d'un village vacances, mais j'ai bloqué. Je suis bien trop pudique pour prendre ce risque et ce n'est pas un de mes fantasmes.
Je ne suis pourtant pas le plus chaste : j'ai déjà fait un plan à trois dans un club libertin. Mais c'était différent, parce que tout le monde était là pour la même chose. Avec le sexe dans un lieu public, tu risques de déranger des gens qui veulent simplement être tranquilles. Et si j'étais surpris par un inconnu, j'aurais l'impression d'être mis à nu et de dévoiler mon intimité la plus crue.
Il faudrait que je sois avec une fille qui en rêve depuis toujours et dont je suis fou amoureux
Baptiste
Je comprends l'excitation générée par la possibilité d'être interrompu : plus jeune, j'aimais bien être obligé d'être discret parce que je savais qu'il y avait des parents ou des amis dans la pièce d'à côté. Mais s'il s'agit d'inconnus, c'est différent. Je pense même que mécaniquement, je ne serais pas capable d'assurer : mon cerveau prendrait le dessus. Pour que je m'y résolve, il faudrait que je sois avec une fille qui en rêve depuis toujours et dont je suis fou amoureux ; autant dire que ce n'est pas près d'arriver."
Tous les prénoms ont été modifiés