Blocage sexuel : "Pendant ces huit ans, j'étais focus que sur la douleur et pas sur le plaisir", dit Lisa Dayan

Lisa Dayan, co-fondatrice de l'association Safe Place, a publié en 2024 son ouvrage Couper la douleur, relatant ses dix années de lutte contre la vulvodynie et le vaginisme. Dans cet épisode d'OrgasmiQ, elle brise le tabou des douleurs sexuelles féminines et explore les moyens de surmonter les blocages sexuels.

Lisa Dayan se remémore le début de ses dix années de souffrances : "Un jour, lors d'un rapport avec mon partenaire avec qui j'étais depuis deux ans, les douleurs sont apparues soudainement". Elle se souvient de la panique et de l'incompréhension, pensant que "ce n'est pas grave, ça va passer".

Cependant, malgré plusieurs tentatives par la suite, "les douleurs se sont installées dans tous nos rapports et ça a duré dix ans", raconte-t-elle. Durant cette période, elle a traversé plusieurs phases, dont le déni, sans en parler à son partenaire.

Sortir des pratiques "ordinaires"

Une rencontre avec un nouveau partenaire, huit ans plus tard, a déclenché une réflexion : "Pendant ces huit, neuf ans, j'étais focalisée sur la douleur et non sur le plaisir. En rencontrant cette personne qui avait des pratiques différentes, la question du rapport a pris un autre angle".

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Elle n'avait jamais envisagé qu'il était possible de faire l'amour autrement que selon ce qu'elle avait appris. C'est la masturbation, essayer d'autres choses, ne pas forcément avoir des rapports avec pénétration tout le temps. Parfois, cela peut durer un moment, puis s'arrêter. Le début et la fin d'un rapport ne sont pas forcément définis par le schéma classique de la pénétration.

De quoi ce blocage sexuel était-il le symptôme ?

Pour Lisa Dayan, ses blocages sexuels seraient liés aux "difficultés à verbaliser mes envies, mes besoins", dit-elle. "Je pense qu'on a un peu grandi aussi avec cette génération où il ne fallait pas être la fille emmerdeuse", pense-t-elle aujourd'hui, avec le recul.

Elle explique également que ce comportement où elle se forçait, ne se limitait pas qu'aux rapports sexuels mais aussi à la vie de tous les jours. "La relation dans laquelle j'étais quand mon blocage a commencé, c'était une relation plutôt toxique, où je n'avais pas vraiment mon mot à dire sur ce qu'était cette relation et le chemin qu'elle prenait. Et donc, mon corps, au bout d'un moment, s'est fermé à ma place".

Avec le recul, Lisa s'est rendu compte des stéréotypes que beaucoup de son entourage avaient et du peu d'éducation sexuelle qu'elle a reçue. C'est l'une de ses motivations à avoir cofondé l'association Safe Place "pour mieux transmettre aux jeunes générations tout ce à quoi nous n'avons pas eu accès à notre époque".