Le droit de vote pour tous les handicapés mentaux. C'est une information qui est un peu passée inaperçue, mais elle a été annoncée lundi 9 juillet lors du Congrès de Versailles par Emmanuel Macron. Cela fait trente ans que les associations se battent pour ce droit.
C'est un long combat qui concerne, pour être précis, les handicapés mentaux "sous tutelle", qu'ils soient trisomiques, bipolaires, autistes, accidentés ou victimes d'AVC. Si vous voulez, il existait déjà un droit de vote pour ces personnes, mais les juges pouvaient toujours décider de s'y opposer. Dans les faits, dans 90% des cas, ces handicapés mentaux étaient privés de ce droit.
C'est pour cela d'ailleurs que, bien souvent, des parents refusent de mettre leurs enfants sous tutelle pour leur laisser cette liberté. J'ai lu des témoignages de parents qui disaient : "Mon fils de 30 ans ne sait pas écrire ni lire, mais il adore quand on parle de politique en famille".
Si Emmanuel Macron a fait cette annonce, c'est aussi parce qu'il a dans son gouvernement une ministre (je dirai même une militante), la secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, qui est aussi maman d'une jeune fille trisomique, et qui n'a jamais voulu mettre sa fille sous tutelle pour ne pas la priver du droit de vote.
La France s'était fait taper sur les doigts par les Nations Unies. Elle a quand même ratifié une convention de l'ONU en 2010, qui stipule que le droit de s'exprimer dans les urnes de toutes les personnes handicapées ne peut pas leur être retiré. Le Défenseur des droits s'était aussi saisi de ce dossier. Parce que c'est tout simplement discriminant.
Les uns auraient le droit de voter (les valides, les bien-portants), et les autres (atteints de maladies mentales ou psychiques) n'auraient qu'un permis de voter que l'on pourrait leur retirer, au motif qu'ils n'auraient pas l'âge mental pour le faire !
J'entends ceux qui disent : "Mais c'est complètement démago, ces personnes sont incapables d'avoir un jugement libre, elles sont sous influence, et leur vote peut être dévoyé". Au passage, l'excuse du vote dévoyé, c'était la raison pour laquelle on a tant tardé à donner aux femmes le droit de vote.
Mais les handicapés mentaux sous tutelle ne sont pas tous des déficients profonds incapables d'exprimer leur volonté. Et dans les familles et dans les associations, on sait faire la part des choses.
Pourquoi d'ailleurs toutes les associations se battraient-elles pour ce droit si elles n'avaient pas la conviction que c'est aussi un acte d'intégration, d'inclusion et de diversité ? Comme le dit la commission consultative des droits de l'homme, c'est étrange de vouloir affirmer qu'ils sont des citoyens comme les autres, et leur retirer l'attribut le plus emblématique de la citoyenneté.
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