Volte face à l'Assemblée nationale. Après le défilé polémique de l'ultradroite, le ministre de l'Intérieur a annoncé l'interdiction de toutes les manifestations d'ultradroite. "Au vu de ce que nous avons vu dans les rues de Paris, j'ai donné comme consigne au préfet de police de prendre des arrêtés d'interdiction" contre les demandes de manifestations réalisées par les militants, associations ou collectifs d'ultradroite, a-t-il déclaré à l'Assemblée, ce mardi 9 mai. "Nous laisserons ensuite les tribunaux juger de savoir si la jurisprudence permettra à ses manifestations de se tenir ou non".
Jusque-là, préfectures comme gouvernement expliquaient qu'il était impossible d'interdire ce genre de manifestations. Mais Gérald Darmanin prend ici une position politique et assez générale d'interdire toutes les manifestations d'extrême-droite radicale en laissant le soin aux tribunaux de la validité de ces interdictions. Sauf que la règle, le principe ne peut pas être l'interdiction de manifester. Il faut que ce soit l'exception. C'est ce que dit la loi : "en cas de risque de trouble à l'ordre public, de violences notamment, les interdictions doivent se faire au cas par cas".
Pour que cela fonctionne, le ministre de l'Intérieur va donc devoir rédiger une circulaire précise pour définir ce qu'il entend par "ultradroite", désigner concrètement des groupes et les risques de ces manifestations (violences, propos haineux, appel au meurtre, etc.), comme l'explique le juriste Serge Lama. "Le conseil d'État ne pourrait pas valider une circulaire qui reprendrait les annonces du ministre de l'Intérieur d'interdiction systématique de toutes les manifestations d'extrême-droite, prévient-il. En revanche, si une circulaire donne des instructions plus claires, le conseil d'État pourrait la valider."
En résumé, ce n'est juridiquement pas gagné.
Mais alors, comment expliquer ce revirement ? Il se trouve que la manifestation du samedi 6 mai a provoqué un tollé et une réprobation unanime, avec cette question : "pourquoi n'a-t-elle pas été interdite en amont ?". Pour Arthur Delaporte, député socialiste, le ministre de l'Intérieur a une réaction opportuniste. "Gérald Darmanin se rend finalement compte que la situation n'est pas acceptable, n'est pas tolérable et que les images sont scandaleuses. A