Face au climat social explosif des dernières semaines, Emmanuel Macron en appelle à la contribution des grandes entreprises à l'effort collectif. Invité du journal de 13h de TF1 pour s'expliquer après l'adoption de la réforme des retraites, après utilisation de l'article 49.3 pour s'épargner un vote des députés loin d'être acquis pour la majorité présidentielle, le chef de l'État a ouvert la voie à une nouvelle taxation visant les grandes entreprises en réponse à "un sentiment d'injustice" exprimé quotidiennement dans la rue depuis plusieurs jours désormais.
Dénonçant "un cynisme à l'œuvre" dans certaines grandes entreprises "prêtes à racheter leurs propres actions" lorsqu'elles réalisent des marges conséquentes, le chef de l'État a souhaité qu'elles "distribuent davantage à leurs salariés" afin de "contribuer à cet effort du moment".
"Quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu'elles en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions, je vais demander au gouvernement de pouvoir travailler à une contribution exceptionnelle pour que cet argent, quand il y a des profits tellement exceptionnels qu'elles sont prêtes à racheter leurs propres actions, que leurs travailleurs puissent en profiter", a expliqué le Président.
Cette pratique financière, bien connue aux États-Unis, est de plus en plus populaire au sein des entreprises du CAC40. Elle consiste, pour une entreprise, à racheter sur le marché ses propres actions afin de les détruire dans la foulée ce qui a pour conséquence d'augmenter mécaniquement son cours en bourse. Des groupes comme LVMH, BNP Paribas ou Total Energies y ont eu recours ces derniers mois, portés par les importants bénéfices réalisés après le Covid.
Pour Emmanuel Macron, cette mesure ne doit pas être confondue avec une taxation des super profits. "Cette taxation des super profits nous l'avons déjà fait pour les énergéticiens, ce qu'on a construit au niveau européen qui nous permet de financer le bouclier contre l'augmentation des prix de l'énergie, on l'a financé en taxant les super profits des énergéticiens. Là, je dis on a des grandes entreprises qui sont en train de racheter leurs propres actions, il faut trouver la bonne technique mais il faut qu'ils distribuent davantage à leurs salariés et qu'il y ait une contribution à cet effort du moment", a-t-il souligné.
La question de la taxe des superprofits des grandes entreprises a déjà été étudiée au Parlement dans le cadre des débats pour le Budget 2023 l'automne dernier. Le Sénat avait alors, conformément à la ligne de l'exécutif, rejeté la mesure portée par la gauche et le centre visant à imposer les bénéfices exceptionnels de grandes entreprises. Le gouvernement privilégiait à la place la solution européenne et des contributions volontaires afin de ne pas "surtaxer" des entreprises qui n'ont rien eu à voir avec la flambée de l'énergie.
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