"Si la déchéance de nationalité passe, cela influencera fortement mon vote", déclare Fadela Amara

Fadela Amara ne mâche pas ses mots : la loi sur la déchéance de nationalité pour les binationaux "influencera fortement [son] vote à l'élection présidentielle de 2017. "Et pas que le mien”, souligne-t-elle, ajoutant qu'il s'agit ici "d'une vraie rupture, de quelque chose d'exécrable". Un nouveau revirement pour cette militante féministe, ancienne secrétaire d'État sous le gouvernement Fillon, qui avait annoncé qu'elle voterait pour François Hollande en 2012. 
“Dans la loi, on prévoit la déchéance de la nationalité pour toute personne qui atteint l’intérêt national, donc je ne vois pas l’intérêt de mettre en place un changement de la Constitution", explique-t-elle. "De toute manière, j’ai entendu comme tous les Français que cette mesure-là allait être d’une part symbolique, d’autre part inefficace.[...] Il est aberrant d’organiser la déchirure de notre pays", ajoute-t-elle. 

Il ne faut pas nous rendre coupables d'être nés en France

Fadela Amara, haute fonctionnaire et ancienne Secrétaire d'État

Une unité nationale que Bruno Le Roux, le député PS de Seine-Saint-Denis, a également appelée de ses voeux vendredi 5 février au micro de RTL. À une nuance près cependant : selon lui, cette unité doit elle-même passer par la mesure de déchéance de la nationalité que combat justement Fadela Amara.
"Sur le fond, on peut-être d'accord", estime la militante, même si selon elle, cette mesure est surtout "inefficace". Pour la militante féministe, cette mesure introduit en outre “l’inégalité de traitement” entre nationaux et bi-nationaux. “Pourquoi jette-t-on la suspicion sur des millions de personnes ? Moi, en tant que binationale, je me sens stigmatisée . Car on m’explique avec cette mesure que je ne suis pas tout à fait française, que si demain je fais une bêtise, on va me traiter différemment devant la justice. Il ne faut pas nous rendre coupable d’être né en France”, s’indigne-t-elle.

Ce n'est pas en faisant la déchéance de nationalité qu'on arrivera à combattre le terrorisme, c'est en gardant l'unité de notre pays.

Fadela Amara, haute fonctionnaire et ancienne Secrétaire d'État

Pour l’ancienne secrétaire d’Etat, la gauche a tourné le dos à ses idéaux avec cette mesure. “Quand on est de gauche on doit se battre pour la justice, pour l’unité, la cohésion, la justice et l’égalité. Là, on explose l’égalité”, tranche-t-elle, affirmant être en accord avec Christiane Taubira sur ce point : "Ce n'est pas en faisant la déchéance de nationalité qu'on arrivera à combattre le terrorisme, c'est en gardant l'unité de notre pays", ajoute-t-elle.