Richard Ferrand : l'exécutif traverse une mauvaise passe
ÉDITO - Les soupçons révélés par "Le Canard enchaîné" entachent l'intégrité du ministre de la Cohésion des territoires et bousculent un gouvernement fraîchement composé.

L’exécutif traverse une mauvaise passe avec l’affaire Ferrand. Le ministre de la Cohésion des territoires est accusé par Le Canard enchaîné de favoritisme envers sa compagne et de l’embauche temporaire de son fils.
Mercredi 24 mai, on a même eu l’impression d'un retour en arrière, de revivre les premières révélations sur François Fillon. Attention, toutes proportions gardées : la justice, à ce stade en tout cas, estime qu’il n’y a pas d’infraction.
Mais tout de même, Richard Ferrand a commencé par minimiser l’affaire. Mardi 24 mai au soir, il a refusé de répondre aux journalistes, puis - patatras -, un communiqué de presse diffusé en pleine nuit lui a donné une occasion de s’expliquer, d'enfin reconnaître une erreur en ce qui concerne l’embauche de son fils. Que de temps perdu… De la part d’un élu qui lui-même se permettait de faire la leçon à François Fillon il y a quelques semaines à peine.
En plein projet de loi sur la moralisation de la vie politique
Le gouvernement a fait bloc derrière lui, mais Richard Ferrand a eu tout de même du mal à accorder les violons. D’un côté, le porte-parole du gouvernement reconnaît que cette affaire nourrit le climat de suspicion à l'égard des politiques. Le contraire serait étonnant. Quasiment en même temps, Benjamin Griveaux, porte-parole de La République en Marche, a préféré relativiser, expliquant tout bonnement que "la moralisation de la vie publique concerne l’argent public, pas l’argent privé". Bref, circulez, il n’y a rien à voir…
C’est un peu court tout de même, parce qu’il s’agit de l'’argent d’une mutuelle, un organisme à but non lucratif, dans l’intérêt de ses adhérents… Une affaire qui tombe au plus mauvais moment, alors que le gouvernement s’apprête à défendre son projet de loi sur la moralisation de la vie politique.
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