La réforme des retraites, seule réforme du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron, va-t-elle être suspendue ? À quelques heures du discours de politique général de François Bayrou à l'Assemblée nationale, l'exécutif négocie activement avec les oppositions sur le budget 2025. Le Parti socialiste souhaite que l'âge légal de départ à la retraite, censé atteindre progressivement 64 ans, soit "figé" à son niveau actuel de 62 ans et demi. Et cela, sans limite dans le temps, comme le souhaite le député socialiste du Calvados Arthur Delaporte.
Invitée du Grand Jury RTL, M6, Le Figaro, Public Sénat, le 12 janvier, la patronne des Écologistes, Marine Tondelier, a indiqué : "C'est en train de bouger". "Je vois qu'il y a des petits pas qui sont faits. C'est très largement insuffisant par rapport à ce que nous demandons, mais c'est en train de bouger. Aujourd'hui, quand Emmanuel Macron, François Bayrou et le ministre du Budget se voient, ils parlent de comment on rétropédale sur les retraites", a-t-elle expliqué.
Emmanuel Macron est prêt à toucher au totem de l'âge de départ à la retraite repoussé à 64 ans. "Mais il pose des conditions à François Bayrou qui vont rendre l'exercice un petit peu plus difficile, notamment sur l'équilibre financier", note Olivier Bost, chef du service politique de RTL. "Mais c'est vrai qu'il a beaucoup évolué. Pour une simple et bonne raison, le chef de l'État, s'il voit un nouveau Premier ministre tomber va se retrouver en première ligne. La question de la démission va se reposer. Donc, il préfère garder François Bayrou, même si ça coûte un peu", analyse-t-il.
Afin d'éviter la censure de son gouvernement, François Bayrou a adopté une stratégie différente de celle de son prédécesseur, Michel Barnier : négocier avec la gauche. À l'issue d'une nouvelle vague de négociations, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, souffle le chaud et le froid. Dans un entretien accordé à Libération le 12 janvier, il déclarait : "Nous ne voulons pas de postes, nous voulons arracher des concessions pour les Français qui, sans nous, ne verraient pas le jour (...) Tout en étant ouvert aux compromis parce que la politique du pire peut conduire le pays à la pire des politiques". Le même jour, cette fois-ci sur BFMTV, le député PS de Seine-et-Marne a renforcé la pression sur François Bayrou, en indiquant attendre du premier ministre "la suspension" de la réforme des retraites.
Mais Olivier Faure a précisé que le Parti socialiste n'était pas en train de "tendre un piège au gouvernement", mais au contraire "de trouver les bonnes raisons pour que les Français se disent oui, il y a eu une discussion, oui, ils ont réussi à trouver des compromis".
"Nous voulons faire en sorte que nous ayons à la fois garanti notre système de retraites par répartition et que nous l'ayons fait en ne faisant pas reposer la charge du financement sur les plus précaires", a-t-il expliqué en relativisant la menace d'une censure.
Nous sommes peut-être à quelques heures d'un accord possible
Olivier Faure, sur BFMTV
Si les négociations semblaient bien avancées le 13 janvier, la soirée a marqué un coup d'arrêt. Il n'y a pas eu "d'avancée significative" dans les tractations, a déclaré sur BFMTV le secrétaire général du PS Pierre Jouvet. "Au moment où je vous parle, les propositions qui sont sur la table ne sont pas acceptables pour le Parti socialiste et nous le regrettons", a-t-il ajouté.
"Ça fait trois semaines qu'on fait des propositions de construction budgétaire, de compromis. On a eu des bons échanges avec monsieur Lombard, le ministre des Finances. On a eu des bons échanges avec madame Vautrin (la ministre du Travail et de la Santé, ndlr) et on s'aperçoit qu'à quelques heures de la déclaration de politique générale, en réalité, il n'y a pas d'avancée significative", a déploré Pierre Jouvet.
Mais la nuit semble avoir porté conseil. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, déclare ce mardi 14 janvier : "Nous sommes peut-être à quelques heures d'un accord possible", assurant que son parti a fait une proposition de compromis à François Bayrou.
Selon un cadre du PS, François Bayrou serait, "ces dernières heures", "rattrapé par la patrouille", à savoir "sa droite". En effet, si Emmanuel Macron et François Bayrou décident d'accorder cette concession à la gauche, le duo à la tête de l'État va contrarier la droite.
Le président Les Républicains du Sénat, Gérard Larcher, ne veut "ni suspension ni abrogation" de la réforme des retraites. Tandis que le patron des députés Les Républicains, Laurent Wauquiez, a jugé qu'une suspension serait "irresponsable". "Sans scénario alternatif", cela reviendrait à "sauter dans le vide sans parachute. Ce sera sans la Droite républicaine !".
Une ligne appliquée par d'autres ténors LR, à commencer par Valérie Pécresse. Sur France inter, la présidente LR de la région Île-de-France a déclaré : "Je pense que dans ces conditions, la droite ne pourrait plus participer à ce gouvernement".
Le camp présidentiel est lui divisé sur la question. La présidente Renaissance de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a affirmé "ne pas être opposée par principe" au fait d'"arrêter" brièvement la réforme des retraites pour en "rediscuter". La réforme "n'est pas parfaite", et même "injuste", a-t-elle concédé. "Il y a beaucoup de sujets à discuter encore", a-t-elle ajouté en évoquant la pénibilité, les carrières longues ou les retraites des femmes. Mais le député Renaissance de Val-de-Marne Mathieu Lefèvre s'y oppose. "Suspendre c'est abroger, il faut arrêter de jouer sur les mots. On ne peut pas se permettre de détricoter la réforme des retraites", a-t-il dit sur RMC.
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