C'est un mini-remaniement qui a beaucoup fait parler, y compris dans les rangs de la majorité. Un remaniement "technique" qui n’a, par exemple, pas empêché un ministre en place depuis le début du quinquennat de s’exclamer, hier, en le découvrant : "On est chez les fous !".
Motif de la "surprise" de ce ministre : le "resserrement comme jamais" de l’équipe gouvernementale autour du président de la République, avec la nomination de deux de ses proches collaborateurs, Sibeth Ndiaye et Cédric O, respectivement au porte-parolat du gouvernement et au secrétariat d’État au numérique.
"On dirait le dernier carré de fidèles. Ça fait fin de quinquennat. C’est Chirac qui nomme son secrétaire général Philippe Bas au gouvernement, c’est Sarkozy qui nomme Claude Guéant". Voilà ce que me confiait un député influent de la majorité hier. Évoquant au passage le risque de découragement chez certains de ses camarades : "Prendre deux conseillers perso sur trois nominations, il y en a qui bossent sur ces sujets à l’Assemblée et qui vont poser leur crayon !".
Dans l'entourage du chef de l'État, on assume malgré tout. "Il est naturel que le Président dispose d’un socle de proches à tous les étages du pouvoir", commentait l’un de ses conseillers hier, avant d’en profiter pour "déminer" le sujet de la solitude grandissante du président en son palais : "L'hyper concentration de ces forces à l’Élysée était une mauvaise exploitation de toutes ces énergies".
Traduction : non les collaborateurs du chef de l’État ne le quittent pas, ils vont se déployer ailleurs. Quant au choix de la communicante en chef de l’Élysée, une historique de la macronie qu’on disait très contestée au château, on fait plus que l’assumer, on en fait aussi un choix stratégique : "Le porte-parolat du gouvernement devient, dans les faits, aussi le porte-parolat du PR. Il était inimaginable de faire porter cette responsabilité à une personne qui ne soit pas l’un de ses hyper proches", m’a glissé un membre de la garde rapprochée du chef de l’État.
Le Premier ministre et peut-être même le reste des membres du gouvernement apprécieront. L’idée de nommer Sibeth Ndiaye, venue du chef de l’État lui-même, ne serait en tout cas pas récente, toujours selon lui. Et tant pis si ses détracteurs, nombreux, s’étranglent. "Les tireurs couchés de l’Élysée n’auront pas eu gain de cause", se félicitait l’un de ses amis hier.
Avant d’être nommé au Conseil constitutionnel, Alain Juppé avait eu une idée pour lui succéder à la mairie de de Bordeaux. Autant l’ancien Premier ministre avait bien l’intention de se représenter en 2020, autant il réfléchissait malgré tout à la suite. Selon mes informations, il avait entrepris d’essayer d’attirer l’actuel ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, dans la capitale girondine, histoire de préparer sa succession malgré tout. Mais voilà, sa nomination aura mis fin à ce projet avant qu’il n’en devienne un réellement.