Édouard Philippe a-t-il vraiment envie de rester au gouvernement ? En tout cas, il fait tout pour apparaître zen et serein. Il se montre prêt à partir et prêt à rester, tout lui va. Voilà les signaux qu’envoie le Premier ministre, directement ou avec le concours de ses proches.
Édouard Philippe se prépare à toutes les éventualités, mais il veut s’en sortir par le haut dans tous les cas de figure. S’il reste, c’est un peu à ses conditions et s’il est remercié, ce sera à Emmanuel Macron de l’expliquer. C’est un peu un pile ou face biaisé : pile je gagne, face tu perds.
Il faut regarder attentivement tout ce qu’Édouard Philippe dit. Lors du débat pour les municipales au Havre, sur France 3 Normandie lundi 22 juin au soir, il a dit : "Mon objectif est d’être maire du Havre, ça peut arriver très vite, si ça arrive très vite, ce sera très bien". Le Premier ministre l’avait déjà évoqué dans le quotidien régional Paris-Normandie : "Si je suis élu, je serai de retour au Havre, au plus tard en mai 2022, mais peut-être beaucoup plus tôt".
Si nous en restons là, on peut se dire que son sort est plié, mais il n’y avait pas que ça dans cette interview à Paris-Normandie. Édouard Philippe posait aussi ce qui ressemble à des conditions pour rester à Matignon. "Le chef de l’État sait qui je suis, ce que j’incarne, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire", expliquait-il dans le quotidien régional. Une façon de poser les choses assez surprenante dans les rapports entre un chef de l’État et un Premier ministre.
Édouard Philippe dit à Emmanuel Macron ce qu’il doit décider s’il veut le garder à Matignon. C'est presque une inversion du rapport de force. Cela n’a pas échappé à certains dans l’entourage d’Emmanuel Macron et au gouvernement. Le Premier ministre étonne ou énerve, mais ne laisse pas indifférent. À l’Elysée, où il n’y a pas beaucoup d’affect, le message est assez simple : "Le Président est très libre". Le chef de l’État ne s’estime redevable de rien et à personne et bien sûr, par la Constitution, c’est lui qui décide.
Pourtant Édouard Philippe, dans ce rapport particulier avec Emmanuel Macron, fait aussi valoir ce qu’il incarne. C'est ce qu’a expliqué son ancien conseiller, député européen et ami, Gilles Boyer, sur TMC hier-soir : "Il faut aussi, et ça le Président le mesurera assez bien, a-t-il dit, mesurer à quel point Édouard Philippe aujourd’hui auprès de tout un électorat du centre droit est perçu comme un point de repère important".
"Ça sera très important en 2022 et ça je suis sure que le président de la République le sait", a-t-il ajouté. Édouard Philippe et ses amis sont redoutables. Ils ont tout posé sur la table au grand jour. Édouard Philippe a autant de chances de partir pour de bonnes raisons, que de rester pour de mauvaises raisons.
Il faut se souvenir de François Fillon en 2010, qui était resté à Matignon parce que Nicolas Sarkozy ne voulait pas s’en faire un ennemi pour 2012. On connaît la suite, l’ancien Président a perdu et avait vu juste trop tôt. Il a bien retrouvé un ennemi, cinq ans plus tard, dans la primaire de la droite. Aujourd’hui, le choix d’Emmanuel Macron est devenu cornélien.
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