Trois petits nouveaux au gouvernement. Emmanuel Macron a fait entrer dans l'équipe ministérielle trois macronistes dont deux de ses conseillers de l'Élysée, autrement dit des proches. Est-ce qu'il faut y voir une façon de se protéger ?
S’il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher au Président c’est sa fidélité vis-à-vis de ceux qui l’ont accompagné depuis le début. Souvenez-vous qu’il est parti presque seul à la conquête de l’Élysée. Il n’avait pas de parti, il n’avait pas de réseau politique, il n’avait pas de fief, il n’avait qu’une toute petite troupe autour de lui, presqu'une bande de copains. En tout cas des fidèles à qui il voue une affection aussi grande que Napoléon pour ses grognards.
On a vu le temps qu’il avait mis à se résoudre à faire partir Gérard Collomb, qui ne rêvait que de Lyon, au point de voir le ministre lui forcer la main. On a vu comment il avait placé Christophe Castaner et Richard Ferrand, ces socialistes de 3e rang, devenus maréchaux. L’un installé au ministère de l’Intérieur, l’autre à la présidence de l’Assemblée nationale.
On le voit aujourd’hui avec la promotion de ses deux conseillers Sibeth Ndiaye et Cédric O, nommés secrétaires d’État. En général, un remaniement sert à faire de la politique, il y a des critères régionaux, des critères partisans, on fait jouer le rapport de force. Emmanuel Macron, lui, il ne se pose pas la question du bénéfice politique qu'il peut tirer.
La macronie est une affaire de commando, une affaire à géométrie constante, où les fidèles de la première seconde laissent la place aux fidèles de la première heure, du moment que l’on reste dans le même cercle.
Mais c'est risqué, car cette fidélité crée de la solitude. Il n’ouvre pas le jeu, il ne donne pas de gage à l’extérieur. Il se recroqueville sur ceux qu’il connait, ceux en qui il a confiance, ceux dont il pense qu’ils se jetteraient de la falaise pour lui.
Ça lui fait faire quelques bêtises : regardez comme il a soutenu Alexandre Benalla pendant 3 mois. Insensé... Et quand il nomme Sibeth Ndiaye, cela peut être risqué. On repense forcément à ses propos expliquant qu’elle n’hésiterait pas à mentir aux journalistes s’il s’agit de protéger le Président. Ça promet.
En fait, quand on dit qu'Emmanuel Macron est seul, c’est parce qu’il a décidé d’être seul. C’est-à-dire de ne pas élargir son cercle, et de rester avec ceux qui lui ressemblent et qui sont finalement des reflets de lui-même. Le risque c’est de promouvoir des personnalités qui ne sont pas prêtes ou pas adaptées. Et le danger, c’est que ça fait du président le seul fusible possible.