À partir du 9 juillet, le président de la République devrait annoncer les grandes lignes de la stratégie pour lutter contre la pauvreté à Versailles, devant le Parlement réuni en Congrès.
Les détails du plan doivent être annoncés les jours suivants, mais une incertitude demeure : la présence ou non d’Emmanuel Macron en France. Le président a en effet promis de se rendre en Russie pour voir jouer les Bleus si l’équipe de France de football brille suffisamment. "J’ai déjà dit que si [l’équipe de France] passait les quarts, j’irai à tous les matches. Donc j’irai en demie et j’irai en finale", a rappelé le chef d'État.
La mise en place du plan pauvreté - l’exécutif préfère parler de "stratégie pour lutter contre la pauvreté" - se fera progressivement, à partir de cet automne. Une dizaine de territoires volontaires seront désignés pour expérimenter la lutte contre la pauvreté. Parmi eux, le Nord-Pas-de-Calais ou encore la métropole de Lyon.
Dans le même temps, le gouvernement travaille à une cartographie des territoires, car il existe notamment des départements "mauvais élèves", qui se sont désengagés sur les dispositifs d’insertion qu’ils sont censés financer. "Et ce ne sont pas forcément les départements les plus en difficulté", explique-t-on au ministère de la Santé.
Aujourd’hui, si l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans, les élèves décrocheurs peuvent très vite sortir du système scolaire et des radars de l’emploi. Le président doit donc annoncer la semaine prochaine une obligation de formation pour les jeunes jusqu’à 18 ans.
S’ils ne sont pas à l’école, s’ils n’ont pas un emploi, ils devront au moins être en formation, et pas livrés à eux-mêmes. Cette responsabilité devrait en partie reposer sur les missions locales.
Une mesure qui intéresse jusqu’au numéro un de la CGT, Philippe Martinez. Celui-ci se dit favorable sur le principe, "à condition que ce ne soit pas seulement une mesure pour faire baisser les statistiques officielles du chômage".
Coaching, préparation aux entretiens d’embauches, formations courtes, aides financières... Une fois majeurs, les jeunes éloignés du marché du travail devraient bénéficier de davantage d’accompagnement, c’est en tout cas l’objectif affiché.
Plusieurs dispositifs pourraient être développés. La garantie jeune par exemple : mise en place lors du précédent quinquennat par François Hollande, elle aurait déjà bénéficié à 178.200 jeunes selon une étude récente de la Dares, la direction de l’animation de la recherche, des études et statistiques. Le but serait désormais de l’étendre à 100.000 jeunes par an au moins. Il s’agit d’un contrat d’une année, rémunéré au maximum 480 euros.
Autre dispositif qui retient l’attention du gouvernement : l’augmentation du nombre de chantiers d’insertion. Une piste développée il y a quelques mois dans un rapport remis au gouvernement par le président du groupe SOS, Jean-Marc Borello. Ces chantiers sont conventionnés par l’État et les personnes qui en bénéficient sont payées au minimum au Smic.
L’un des principaux problèmes aujourd’hui, c'est que 30% des
personnes qui pourraient bénéficier d’aides ne les réclament pas. En cause : trop de
paperasse, manque d’informations...
L’exécutif cherche une solution pour
permettre à plus de gens d’être soutenus. La promesse de campagne d’Emmanuel Macron d’un versement
social unique devrait donc entrer progressivement en vigueur d’ici un à deux
ans.
À terme, les aides sociales (APL, allocations familiales, allocation
adultes handicapés...) devraient donc être versées au même moment,
revalorisées en même temps, automatisées et elles devraient prendre en compte
les revenus de l’année en cours, et non comme parfois aujourd’hui, les revenus
datant de deux ans plus tôt.
Fusionner les minimas sociaux ? Plusieurs missions
parlementaires sont en cours pour vérifier la possibilité d’une éventuelle
fusion entre le RSA et l’ASS, l’Allocation de solidarité spécifique. Le point
soulevé par plusieurs associations, c’est que "toute fusion qui ne fait
pas de perdants pourrait coûter plusieurs milliards d’euros". Des
arbitrages sont donc encore en cours à ce sujet.
Pour le gouvernement, lutter contre la pauvreté passe aussi par
l’accueil en crèche. Le plan prévoit donc l’augmentation du nombre de places
pour l’accueil des jeunes enfants.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a d’ailleurs annoncé
récemment que les communes qui créeront des places en crèche pour les enfants
les plus démunis ou en situation de handicap, auront un bonus financier. Selon
la ministre, "un nouveau mécanisme de financement des places en crèche,
adossé au niveau de richesse de la commune et de ses habitants sera donc
instauré".
Les zones les plus défavorisées auront droit à une aide de
1.000 euros contre le financement de nouvelles places en crèche. L’objectif : créer 30.000 places de
crèche en plus dans les quartiers prioritaires.
Des aides financières pour les familles monoparentales
seront également développées. Début juin, Agnès Buzyn avait annoncé sur l’antenne de RTL la
création d’un tiers payant pour les femmes qui cherchent à faire garder leur
enfant, qui n’en ont pas les moyens et qui, de fait, renoncent à prendre un
emploi. Le but sera de pouvoir payer plus facilement une assistante
maternelle, pour retourner avoir plus de chance de retrouver du travail.
Les communes, les écoles pourront mettre en place un système de petits-déjeuners pour leurs élèves. Une dotation leur sera versée pour s’organiser territoire par territoire, en proposant par exemple au maraîcher un partenariat, en valorisant les circuits-courts, le bio, les parents volontaires, les associations. Avec des systèmes au choix : soit une fois par semaine, soit tous les matins avant l’école, pour tout ou partie des élèves. Les dotations envisagées seraient de l’ordre de 2.000 à 5.000 euros par an en fonction du nombre de classes de l’établissement.
Emmanuel Macron, à qui colle toujours
l’étiquette de "président des riches", doit maintenant convaincre
qu’il est aussi attentif aux plus démunis.
Et ce ne ser