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Valéry Giscard d'Estaing à la prison de Saint-Paul à Lyon, le 10 août 1974.
Crédit : STF / AFP
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Président réformateur, aux convictions européennes, Valéry Giscard d'Estaing a marqué son époque. Le troisième président de la Ve République, décédé mercredi 2 décembre, est aussi à l'origine d'un geste historique pour les prisons françaises. Le 10 août 1974, "VGE" a serré la main d'un détenu.
Une poignée de main qui peut paraître anodine, mais qui ne l'est pas à l'époque, lorsque le président de la République se rend dans la prison de Saint-Paul, à Lyon. La raison de sa visite ? Des émeutes de détenus qui ont éclaté pendant l'été, et qui sont notamment soutenues par le Groupe d’information sur les prisons, qui compte parmi ses membres le philosophe Michel Foucault. Les prisonniers protestent contre leurs conditions de détention.
C'est "un geste inouï" qu'accomplit Valéry Giscard d'Estaing en serrant la main de ce détenu, indique dans une tribune pour Libération le magistrat Denis Salas. D'autant que le président ajoute : "La prison ne doit être que la privation de liberté". Une phrase "aux antipodes" de l'époque selon Denis Salas, et qui fait polémique. Aujourd'hui encore, il n'est pas certain qu'elle serait acceptée partout.
"Je suis d'accord avec lui, mais dans les faits, c'est bien autre chose", soutient auprès de RTL.fr Me Juliette Chapelle, avocate pénaliste et secrétaire de l'Association des Avocats pour la Défense des Droits des Détenus. Elle pointe le manque d'accès au droit de vote dans les prisons ou encore la difficulté d'obtenir des visites familiales, et rappelle que la France a été condamnée plusieurs fois par la Cour européenne des droits de l'Homme au sujet des conditions de détention. L'avocate Juliette Chapelle estime que le geste de "VGE", même s'il était "symbolique", n'a finalement "pas eu beaucoup d'impact".
En 2014, un communiqué du Genepi (le Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées) publié dans l'Humanité faisait lui aussi un constat amer. "Si en quarante ans, des évolutions réelles ont été constatées, aucune n'est réellement venue rompre l'idéal sécuritaire ou la logique disciplinaire de l'institution carcérale"
Pour Denis Salas, qui écrivait sa tribune en 2018, cette poignée de main serait "aujourd'hui impensable". Mais même s'il l'était, Juliette Chapelle estime qu'un tel geste ne serait pas suffisant. "À quoi ça servirait ?", s'interroge l'avocate. "Je préfère qu'un Président réfléchisse à la politique carcérale, à ce qu'est la prison, plutôt qu'il se contente de serrer des mains."
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