Qu'est-ce que la Lanterne, le jardin secret de la République apprécié d'Emmanuel Macron ?

La plus secrète des résidences présidentielles. De la Lanterne, un ancien pavillon de chasse du XVIIIe siècle niché au cœur du parc du château de Versailles, il n'y a quasiment aucune image. Pourtant, derrière son grand portail en fer, fidèlement gardé par deux têtes de cerfs, se cache un véritable joyau.

"C'est un peu la maison de campagne que toute personne qui aimerait avoir de l'argent aimerait avoir", résume Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande. Comme Emmanuel Macron aujourd'hui, l'ancien président raffolait de ce havre de paix à moins d'une demi-heure de Paris.

"À la Lanterne, on vient y chercher du dépaysement, une forme de tranquillité. L'Élysée, c'est vraiment une forteresse. Il y a tous les collaborateurs qui sont là, il y a des militaires. Et puis c'est un endroit qui est totalement lié au travail, à la prise de décision. Alors qu'à la Lanterne, normalement, il ne doit pas y avoir de réunion ni de réception", explique l'ancien conseiller au micro de RTL. 

Le jardin, le trésor de la Lanterne

Dans cet ancien pavillon de chasse, tout est fait pour que les chefs d'État se sentent comme chez eux. Au rez-de-chaussée, un grand salon lumineux côtoie une salle à manger spacieuse, capable d'accueillir anniversaires et autres dîners privés. Nicolas Sarkozy y a organisé son mariage, François Hollande plusieurs réveillons.
Aujourd'hui, il arrive à Emmanuel Macron de s'installer derrière un piano à queue noire pour y jouer quelques notes. Jamais sans un verre de Lagavulin, 16 ans d'âge, un whisky particulièrement apprécié par le chef de l'État.

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Mais le véritable trésor de la Lanterne se situe dans son grand jardin d'environ 4 hectares, à l'abri des regards, doté d'une piscine et d'un terrain de tennis. Une petite porte discrète mène tout droit au parc du château de Versailles. Pour les amateurs de jogging, c'est là notamment que Nicolas Sarkozy avait l'habitude d'y faire son exercice. Il y avait fait un petit malaise vagal qui lui avait coûté à l'époque une nuit à l'hôpital.

Comment Emmanuel Macron occupe-t-il ses week-ends à la Lanterne ?

Ses week-ends sont assez codifiés. La routine débute souvent dès le vendredi en fin d'après-midi. À l'Élysée, tous les conseillers sont prévenus : avant que le cortège présidentiel ne prenne la direction de la Lanterne, toutes les notes et tous les parapheurs réclamés par le Président doivent être rendus. Ils seront embarqués et livrés par kilo avant qu'Emmanuel Macron ne les dévore pendant le week-end. 

Sur place, le chef d'État s'adonne aussi à quelques plaisirs bien moins présidentiels : la course dans le parc, la boxe dans un dojo avec ses officiers de sécurité. Son épouse Brigitte, elle, préfère le vélo, mais gare à ne pas percuter les poules et les chèvres reçues en cadeau qui ont élu domicile dans le jardin.

Un lieu où règne la discrétion

Si les présidents apprécient à ce point la Lanterne, c'est aussi pour sa discrétion. C'est une véritable boîte à secrets. Ici, pas de conseillers ou presque, pas de ministres bavards, pas de journalistes curieux ni de paparazzi. L'idéal pour y cacher tout ce qu'un président ne veut pas dire. 

"Quelquefois quand vous négociez, quand vous cherchez un Premier ministre par exemple, ou que vous discutez avec un pays avec lequel vous avez des problèmes en ce moment, vous ne souhaitez pas forcément que tout soit systématiquement sur la place publique immédiatement. La Lanterne n'est pas faite pour bavarder", explique l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. 

C'est à la Lanterne, par exemple, qu'Emmanuel Macron avait cherché le successeur d'Élisabeth Borne à Matignon, recevant dans le plus grand des secrets ses plus fidèles. C'est là aussi que l'ancienne première dame, Valérie Trierweiler, avait trouvé refuge après la publication des photos de François Hollande et Julie Gayet dans un magazine people. 

À l'origine, la Lanterne était la résidence officielle du Premier ministre mais Nicolas Sarkozy y a jeté son dévolu, au grand dam de François Fillon, ce qui avait valu cette réplique de Jean-Pierre Raffarin à son successeur : "François, tu viens de perdre le meilleur du job". À la place, Nicolas Sarkozy lui avait offert le château de Souzy-la-Briche, à 40 kilomètres au sud-ouest de Paris. Bien moins luxueux que la Lanterne, il n'en reste pas moins, aujourd'hui encore un cocon à l'abri des regards.