Dans l'esprit de Bruno Le Maire, "faire la révolution" c'est : "sortez ceux que l'on déjà vu". Lorsqu'il dit : "Je ne suis pas là pour gérer une fin de carrière ou prendre ma revanche sur François Hollande", ou encore "Moi je n'ai jamais été ni président ni premier ministre", c'est : "Coucou Nicolas Sarkozy, François Fillon et Alain Juppé, la sortie c'est par ici !"
Bruno Le Maire est un homme sérieux. Il vient de réussir son examen de passage avec un très beau meeting à Aubervilliers. Samedi 5 février, il a fait venir 2.000 personnes. Ce n'est pas mal du tout. Même si le matin même il avait réuni ses secrétaires fédéraux, ce qui veut dire qu'il y avait déjà du monde. Cela veut dire qu'il peut surfer sur les 30% qu'il a réalisés au moment de l'élection à la présidence de l'UMP face à Nicolas Sarkozy.
Cela dit, même sans cravate et le bouton de la chemise dégrafé, ce n'est pas facile de faire la "révolution". Il faut faire attention aux "mots" que l'on emploie. Bruno Le Maire a quand même plus le profil du gendre idéal que du sans-culotte. Même si c'est utile en politique la tête du gendre idéal...
Dans les sondages, l'ancien ministre de l'Agriculture n'est pas ridicule. Il fait jeu égal avec François Fillon, ce qui n'est pas négligeable. Il est autour de 12%. Mais Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sont loin devant. Bruno Le Maire est combatif. Il faut voir l'énergie qu'il déploie. Il fait une campagne à l'américaine. Son modèle, c'est Obama : le politique qui vient de sa province et qui peut gagner.
Bruno Le Maire a quand même plus le profil du gendre idéal que du sans-culotte.
Alba Ventura
Sauf que Bruno Le Maire est un pur produit de l'establishment. Il est né à Neuilly-sur-Seine, issu des grandes écoles, il est passé par les cabinets ministériels, il a été ministre, il est devenu député sur un siège laissé vacant par Jean-Louis Debré. Ce n'est pas tout à fait le profil du gars qui monte à Paris pour faire la révolution. C'est pour cela qu'il faut faire attention. Bruno Le Maire a beaucoup d'atouts, mais on ne peut pas seulement jouer sur le "je suis le plus jeune, le plus beau, le plus intelligent".
Cela signifie que sur ce créneau il ne va pas être tout seul. Dans quelques jours, vous allez voir débouler Nathalie Kosciusko-Morizet. Jeune, jolie, intelligente, elle aussi. Cela va être une sacrée concurrence sur le thème du renouveau. Bruno Le Maire va devoir muscler son programme et ses propositions, et pas seulement rappeler sa démission de la Fonction publique. Il reste encore huit mois avant la primaire. Assez de temps pour proposer des choses aux Français et pas seulement se proposer pour la France.
Le référendum sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne va pas s'arrêter au seul vote des électeurs de Loire-Atlantique.Il va aussi se jouer au sein du gouvernement. Il y aura d'un côté les écolos Emmanuelle Cosse, Barbara Pompili et Jean-Vincent Placé qui vont soutenir le "non", et de l'autre Jean-Marc Ayrault le Nantais qui soutiendra le "oui". Il y a une voix qui sera décisive, celle de Ségolène Royal. Pour l'instant, elle ménage la chèvre et le chou.