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"Le réalisme économique, un contre-argument", selon François Lenglet

ÉDITO - Vincent Peillon et Manuel Valls, candidats à la primaire de la gauche, vont présenter des programmes économiques sociaux-démocrates. Une idéologie moribonde.

François Lenglet
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Crédit : Damien Rigondeaud
François Lenglet : "Le réalisme économique, un contre-argument"
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"Le réalisme économique, un contre-argument", selon François Lenglet
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Ce sont des programmes sociaux-démocrates que doivent présenter ce mardi 3 janvier Manuel Valls et Vincent Peillon, candidats à la primaire de la gauche. Il s'agit de programmes de la gauche dite "réformiste", qui ne veut pas faire la révolution, mais amender le système économique. Ils arrivent tous deux alors que cette gauche-là est en crise. Dans tous les pays, elle accumule les échecs électoraux. Les derniers en date étant celui d’Hillary Clinton, aux États-Unis, et celui de Matteo Renzi, en Italie. Alors qu’elle a littéralement régné sur les pays occidentaux dans les années 1990 et au début des années 2000, dans tous les pays d’Europe du Nord et en Europe orientale, la voilà aujourd'hui malmenée par les électeurs : la social-démocratie est moribonde.

La gauche réformiste, c’est un navire de beau temps. C’est fait pour les époques sans problèmes. Le fondement de la doctrine sociale-libérale, c’est de laisser faire le marché pour produire des richesses, et d’intervenir après, pour le partage des fruits de la croissance, en particulier avec la fiscalité. Mais qu’est-ce qu’on fait quand on n’a pas de fruits de la croissance, comme aujourd'hui, et que la dette est élevée ? Qu’est-ce qu’on fait, au sein de la zone Euro, en Italie, en Grèce ou même en France, quand l’union monétaire exalte les difficultés de compétitivité ?

Et bien la gauche de gouvernement s'attelle à détricoter les droits sociaux et les protections des salariés. Elle libère un espace politique considérable à une autre offre politique, plus radicale. L’échec politique du quinquennat Hollande s’explique aussi comme ça.

La social-démocratie fait fuir les électeurs

Les sociaux-démocrates, et Manuel Valls en particulier, se sont toujours prévalus du réalisme économique. Ce n'est plus un argument crédible. C’est même devenu un contre-argument, c’est-à-dire quelque chose qui fait fuir les électeurs, parce que c’est vu comme de la soumission à l’ordre établi, c’est-à-dire à un système hors de tout contrôle, où la disparition des frontières a fait disparaître les règles et les responsabilités.

La social-démocratie s’est laissée déposséder du thème de la protection et de l’ordre

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Le symbole de cette anarchie économique, ce sont les multinationales comme Apple ou Amazon, qui ne payent quasiment pas d’impôts sur leurs bénéfices, alors que la PME du coin est assommée. On touche là à l’autre faiblesse de la social-démocratie : elle s’est laissée déposséder du thème de la protection et de l’ordre. L’ordre, c’est la droite qui  l’incarne le mieux ; et la protection, c’est la gauche radicale, ou le Front national, qui s’appuie sur les frontières.

Vendre le "toujours moins"

Ça veut dire qu’il n’y a plus beaucoup de place pour une gauche européenne et favorable à l’ouverture des frontières. Il faut vendre non pas le "toujours plus", comme la social-démocratie d’avant, mais le "toujours moins". L'un des premiers à avoir compris cela, c’est Arnaud Montebourg. C’est lui qui a épousseté le concept de frontière, de protectionnisme et du retour de l’État à gauche, dans le sillage lointain de Jean-Pierre Chevènement.

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Cela n’est pas de très bon augure pour Valls et Peillon. On va voir comment ils vont tenter de moderniser la social-démocratie, de l’adapter aux couleurs du temps. Peut-être y parviendront-ils. Et cela vaut également pour Emmanuel Macron, qui est lui aussi sur ce créneau politique. Jusqu'ici, il doit sa popularité à sa jeunesse, son charisme, et son caractère d’opposant de l’intérieur. Mais la bataille des idées et des programmes n’a pas encore commencé.

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