Emmanuel Macron enchaîne les démonstrations de force. Après avoir rempli la salle de meeting de la Porte de Versailles à Paris en décembre, après avoir creusé l'écart avec les candidats socialistes dans les sondages, l'ancien ministre de l'Économie est en Allemagne pour deux jours. Il ne va pas rencontrer la chancelière Angela Merkel. Ce n'est pas exclu dans l'avenir, mais ce n'est pas fait. Mais c'est à peu près la seule qu'il ne verra pas lors de sa visite à Berlin.
Le "petit candidat" Macron aura vu à peu près tous ceux qui comptent dans la politique allemande et au gouvernement, comme le vice-chancelier Sigmar Gabriel, le ministre des Affaires étrangères Franck-Walter Steinmeier, ou encore le président du Parlement européen Martin Schulz. Il ne fait pas que les socialistes allemands. Il fait aussi les Verts allemands, puisqu'il a prévu une conférence de presse ce mercredi 11 janvier avec Daniel Cohn-Bendit et Joschka Fischer, figure des écolos en Allemagne.
On voit bien la démonstration que cherche à faire Emmanuel Macron auprès des socialistes français : "Faites avec moi, parce que vous voyez bien que même à l'étranger, je suis en train de devenir incontournable".
Ce sont sans doute les sondages qui lui donnent cette assurance. Dans l'équipe Macron, on a regardé attentivement le dernier sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match : il donne un Emmanuel Macron entre 17 et 20% au premier tour, derrière Marine le Pen et François Fillon, et un Manuel Valls à 10,5% seulement s'il venait à remporter la primaire de la gauche. L'institut Ifop a aussi testé un second tour. Là Emmanuel Macron l'emporterait face à Marine Le Pen (65% contre 35), mais aussi face à François Fillon (à 52/48).
Alors encore une fois prudence avec les sondages : 52/48 à quatre mois de la présidentielle, ça ne veut rien dire. Emmanuel Macron peut-être terminera-t-il à 10%, ou peut-être sera-t-il au-dessus de 20% ? Ce que l'on peut dire aujourd'hui, c'est qu'il apparaît un peu comme le François Bayrou de 2007. La grosse différence, c'est qu'il n'y a pas pour l'instant de candidat socialiste au-dessus de lui.
La position d'Emmanuel Macron, au fond, c'est la même que Jean-Luc Mélenchon : y a-t-il besoin d'un candidat PS à la présidentielle ? Ce que disait le leader de la "France insoumise" aux socialistes il y a quelques jours à la "une" du journal Le Monde. C'était : "Si vous voulez empêcher la droite d'être face à Marine Le Pen, désistez-vous". Macron pense exactement la même chose.
L'argument de Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, selon lequel "il y a un progressiste de trop" dans la présidentielle (sous-entendu Macron), se retourne contre contre les socialistes, si le candidat PS qui sort de la primaire est à 10% et qu'Emmanuel Macron est à 20% (et que Mélenchon est à 13 ou 15).
Dans les colonnes du journal Les Echos (daté 10 janvier), un soutien de Manuel Valls allait même jusqu'à dire, anonymement, que si Macron continuait son ascension, il faudrait que Manuel Valls se retire et que "nous nous rangions derrière lui".
Alors évidemment, à l'heure qu'il est, personne n'imagine que le PS renonce à la présidentielle. Mais après tout, rappelez-vous, personne n'imaginait qu'un président renonce à se représenter.
Commentaires