4% de Français sont satisfaits de François Hollande et pourtant il semble très satisfait. Le chef de l’État ne serait-il pas dans une forme de déni de la réalité ? Il suffit de l’observer pour se poser la question. Mercredi soir, il a fait un discours sur François Mitterrand pour le centenaire de la naissance de l’ancien Président. François Hollande est apparu heureux. Il a fait ce que beaucoup d’autres ont fait avant lui : il a parlé d’une figure historique pour… parler de lui.
Chez François Mitterrand, il a loué sa volonté inébranlable, "lui qui n’a jamais cédé au découragement, a-t-il dit même quand les épreuves semblaient l’avoir écarté à tout jamais de la vie politique". Il a souligné ce que "François Mitterrand a subi de critiques, de contestations, d’outrages, voire d’outrances". À chaque phrase il aurait pu ajouter, "comme moi", car François Hollande veut croire qu’il est dans la même situation que François Mitterrand.
Ce n'est pas tellement vrai, d’abord parce que François Hollande n’est pas en cohabitation. Ensuite, nous ne sommes plus dans les années 80. Nous sommes passés au quinquennat et le temps médiatique et politique n’a plus rien à voir. François Hollande pense qu’il a du temps, que la campagne peut changer la donne, qu’il peut se refaire…François Hollande raisonne en équation et en offre politique, en rapport gauche/droite, alors qu’aujourd’hui, c’est l’image que l’on a d’une femme ou d’un homme politique qui détermine un vote.
Le président y croit toujours. Il ne pense pas une seconde qu’il fera les 10 ou 12% que lui octroient les sondages en ce moment. Pour lui, un bon projet tourné vers l’avenir peut remobiliser son électorat. En fait, tous ses espoirs reposent sur une campagne magique qui ferait oublier ses 5 ans à l’Elysée et qui le ferait apparaître comme un homme moderne avec de nouvelles idées. Le problème, c’est que tout ça est encore très conceptuel, c’est seulement dans la tête de François Hollande. Pour les idées, un programme frais et neuf, personne dans son entourage ou dans son gouvernement n’est capable de donner un seul exemple. Donc en attendant ce programme, François Hollande a un plan de bataille qu’il a confié à des proches. "Il faut enrayer l’idée que c’est perdu, explique-t-il. Il faut dire que l’élection n’est pas jouée".
Ça c’est toujours vrai, mais il ne sera pas forcément aidé par ses amis qui lui en veulent beaucoup pour le livre de confidences à deux journalistes du Monde. Lors de ce colloque sur François Mitterrand, Claude Bartolone, le Président de l’Assemblée nationale, est ostensiblement parti juste avant le discours de François Hollande. Il faut dire qu’il n’est pas épargné dans ce livre de confidences. Il y avait aussi des absents. Mais de tout ça, François Hollande s’en moque éperdument. Le chef de l’État regrette juste les propos sortis de leur contexte sur les juges ou les footballeurs et estime qu’il n’a pas livré son intimité dans ce livre. Quant à "l’humeur des socialistes", ce sont ses mots… "Ça passera !" dit-il en privé.
Mais il y a aussi la concurrence, comme Manuel Valls ou Emmanuel Macron. François Hollande minimise encore et toujours. Sur la menace Emmanuel Macron, le chef de l’état pense qu’elle s’éloigne. Et Manuel Valls qui avance ses pions pour éventuellement prendre sa place, ça serait assez légitime à écouter François Hollande. Même au fond du trou, décrédibilisé par ses confidences, attaqué par ses amis, François Hollande est confiant, rien ne l’ébranle. C’est peut-être le trait de caractère le plus impressionnant chez lui. C’est peut-être aussi ce qui va le faire perdre l’année prochaine…