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Mort de Jean-Louis Debré : entre anecdotes et vie politique, retour sur 50 ans d'amitié avec Jacques Chirac

L'ancien ministre de l'Intérieur est décédé à l'âge de 80 ans. Tout au long de sa carrière politique, mais aussi en privé, il a soutenu et rendu hommage à "son Chirac".

Jean-Louis Debré et Jacques Chirac, le 5 mars 2009
Crédit : BORIS HORVAT / AFP
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Marie-Pierre Haddad
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Il a été de toutes les batailles et de toutes les anecdotes chiraquiennes. Jean-Louis Debré est décédé à l'âge de 80 ans, a-t-on appris ce mardi 4 mars. Celui qui a été successivement député, ministre de l'Intérieur, président de l'Assemblée nationale et président du Conseil constitutionnel, était une figure incontournable de la droite. 

Si le nom de son père, Michel Debré, est indissociable de celui du général de Gaulle, Jean-Louis Debré, lui, reste éternellement associé à Jacques Chirac. Le magistrat s'est inscrit dans son sillage politique, devenant l'un des meilleurs représentants du chiraquisme. Fait assez rare pour être noté en politique, les deux hommes ont noué une amitié, résistante à toute épreuve. 

Cette amitié d'une cinquantaine d'années a pris forme en 1986 quand Jean-Louis Debré s'engage en politique en devenant député RPR de l'Eure. Malgré leur proximité, Jean-Louis Debré a vouvoyé Jacques Chirac, tandis que ce dernier le tutoyait.

La rencontre

La rencontre se fait en 1967. "Je rentre dans le pavillon d'honneur (d'Orly, ndlr), je vois mon père et je lui dis : 'C'est qui ce grand personnage ?' Il me dit : 'C'est Chirac, il a un grand avenir politique'. Une fois par semaine, on déjeunait avec lui, c'est là où je me suis aperçu qu'il avait un appétit fantastique", racontait-il dans un documentaire consacré à l'ancien président de la République, Mon Chirac.

Les deux hommes se sont "retrouvés au drugstore des Champs Élysées", comme le contait Jean-Louis Debré. "Après le déjeuner, on a descendu l’avenue en fumant comme deux collégiens qui ont séché les cours. On ne s’est plus quitté", expliquait-il.

La dissolution de 1997

Jean-Louis Debré était présent aux côtés de Jacques Chirac, lors de ce qui sera l'un de ses échecs les plus retentissants : la dissolution de l'Assemblée nationale. En 1997, celui qui est alors à l'Élysée prend la surprenante décision de dissoudre la chambre basse, en espérant obtenir une majorité encore plus large. 

"À chacun de nos entretiens, il me demandait immanquablement la même chose : 'Ne me dis pas ce qui va. Dis-moi ce qui ne va pas'. Car les hommes de pouvoir sont déconnectés des réalités, non pas parce qu'ils ne les voient pas, mais parce que, autour d'eux, les collaborateurs sont des courtisans, des gens qui n'arrivent pas à concevoir qu'une critique peut être légitime', racontait Jean-Louis Debré, comme le soulignait Le Parisien.

L'élection présidentielle de 2002

L'autre coup de tonnerre de la présidence Chirac reste le 21 avril 2002. L'amitié entre Jacques Chirac et Jean-Louis Debré ne signifie pas pour autant que leurs avis étaient identiques. Ce fut notamment le cas, après sa réélection. "J'ai un grand regret. Que Jacques Chirac, lors de sa réélection en 2002, n'ait pas ouvert son gouvernement à la gauche. Après ce coup de tonnerre de Jean-Marie Le Pen au second tour, Chirac réélu à 80%, je lui dis : faites un gouvernement d'union nationale, prenez l'initiative, proposez à la gauche un contrat de gouvernement, six grandes réformes… Mais il me répond qu'il faudrait d'abord que la gauche accepte, qu'elle est en pleine déconfiture, n'a plus de chef. Et il fait l'ouverture… avec Raffarin !", regrettait-il dans les colonnes du Parisien.

"Bière, saucisson et tabac"

Leur amitié ne fut pas seulement ponctuée d'une vision commune en politique. Jean-Louis Debré se remémorait le souvenir d'un voyage officiel en Tunisie, le pays était alors dirigé par Ben Ali. Lors d’un déjeuner officiel, le président fait savoir à son proche ami qu'il souhaite boire une bière. "À la table du président de la République tunisienne, on ne boit pas de bière", précisait Jean-Louis Debré, comme le souligne Paris Match. "Je me penche vers mon homologue tunisien. Je lui dis : "J’ai un président, s'il n’a pas sa bière, demain je ne suis plus ministre'. Il appelle un maître d’hôtel qui arrive au bout de quelques minutes avec un verre entouré d’un linge blanc. Je griffonne sur un papier à Chirac : 'Ne dites rien'". 

Mais quelques instants plus tard, Jacques Chirac se saisit du verre et dit, à haute voix : "Elle est excellente cette bière !". Le président de la République tunisienne et ses ministres "tirent une gueule", mais Jean-Louis Debré reconnaissait : "Moi ça me fait marrer".

Plus tard, lorsque Jacques Chirac s'éloigne du pouvoir et de la vie politique, l'ancien président critique son nouveau mode de vie. "Ils (les médecins, ndlr) ont interdit la bière, tu peux venir chargé ?", demande-t-il à son fidèle compagne. "Chargé, ça voulait dire bière, saucisson et tabac. Un jour, Bernadette est entrée dans un nuage de fumée, elle a vu toutes nos victuailles. Chirac s’est tourné vers elle, avec un air désolé : 'Ah, Jean-Louis, il est incorrigible !'", raconte son compagnon de route. 

"Les Guignols de l'info"

Son amitié avec l'ancien président de la République vaudra à Jean-Louis Debré une marionnette dans l'émission mythique de Canal+ Les Guignols de l'info. Sur RTL, il déclarait à ce sujet : "Vous savez, je me souviens de mes petits camarades qui arrivaient et disaient : 'On t'a vu la télé, ils ne t'ont pas loupé, tu devrais faire quelque chose'. Je dis : "Mais vous crevez d'envie d'y passer'. Je suis devenu célèbre parce que je suis passé aux Guignols de l'info", s'amusait-il.

La fidélité jusqu'à la fin

Ce qui marque la relation entre Chirac et Debré, c'est avant tout la fidélité. Jusqu'au bout, l'ami fidèle se rendra au chevet de l'ancien président. "Le corps va bien (...) Je ne sais pas s'il me reconnaît, j'en ressors moralement épuisé, ça me fait mal de le voir comme ça mais j'ai la faiblesse de penser que ma présence lui fait du bien. J'ai tellement d'affection pour lui, je serai là jusqu'au bout", confie-t-il au Monde.

L'ancien ministre de l'Intérieur résumait ce lien : "Il vaut mieux être futur qu’ancien président, car on est vite oublié. Je me suis dit : je dois tout à Chirac, ce n’est pas parce qu’il ne peut plus rien me donner que je dois l’abandonner, je ne serai pas comme les autres".

"J'ai eu la chance, grâce à lui, d'être en face d'un personnage qui sort de l'ordinaire (...) J'ai pour Jacques Chirac une affection très profonde. Elle n'était pas de la nature de celle que j'ai pour mon père, pour lequel j'avais un véritable amour", racontait-il en 2019 dans l'émission C à vous. Avec Chirac, "c'est quelque chose d'indéfinissable. Quand il est heureux, je suis heureux. Quand il est triste, je suis triste. J'adore l'imiter face à lui", expliquait-il. 

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