Au plan économique, on peut retenir deux choses de Jacques Chirac. Une qui n'est guère flatteuse, l'autre l'est bien d'avantage. La première, c'est que Chirac a tellement changé de position sur les sujets de politique économique au fil de sa longue carrière que, quoi que vous pensiez, que vous soyez communiste, libéral ou social-démocrate, il y a forcément des déclarations ou des discours du Président français avec lesquels vous avez été en accord profond.
C'est un peu comme Johnny Hallyday et les modes musicales successives, il a tout été, tout fait, tout dit. Voilà pour la méchanceté. L'autre chose à retenir, plus positive, c'est qu'il a initié l'une des plus grandes périodes de réformes que la France a connues depuis la guerre.
Pendant la première cohabitation, sous le septennat Mitterrand, de 1986 à 1988. Après les élections législatives qui marquent la défaite de la gauche, Jacques Chirac est nommé à Matignon, pour inaugurer la première des trois cohabitations que le pays a connues. Et gouverner avec le RPR d'alors, Alain Juppé à ses côtés, mais aussi Philippe Séguin, Edouard Balladur, installé non pas à Bercy mais à Rivoli, c'était là où se trouvait le ministère des Finances. Et puis avec ceux qu'on appelait la bande à Léo, François Léotard, Gérard Longuet, Alain Madelin, les inspirateurs d'une politique économique qui va révolutionner la France.
Il a libéralisé l'économie. Il a tout d'abord privatisé 65 entreprises françaises, pour l'essentiel celles qui avaient été nationalisées à l'arrivée des socialistes, cinq ans avant, Saint Gobain, Thomson, Paribas, la BNP, Péchiney, mais aussi d'autres qui étaient publiques depuis la Libération.
Il a supprimé le contrôle des prix, et en grande partie le contrôle des changes. Philippe Séguin, ministre du travail, a lui supprimé ce qu'on appelait l'autorisation administrative de licenciement. Pour chaque suppression d'emploi, il fallait en effet avoir le feu vert du ministère du travail.