Macron, Attal et remaniement... Philippe et Bayrou sont-ils des alliés un peu trop exigeants ?

La décision du chef. Emmanuel Macron a tranché : le nouveau chef du gouvernement qui succède à Élisabeth Borne est Gabriel Attal. Si toutes les rumeurs convergeaient avec intensité vers l'ancien ministre de l'Éducation nationale, le doute a subsisté pendant de longues heures. 

Si l'annonce du nouveau locataire de Matignon a pris du temps, c'est parce que des voix se sont élevées pour mettre en garde Emmanuel Macron. Lesquelles ? Tournons-nous du côté des alliés du chef de l'État : François Bayrou, le président du MoDem et Édouard Philippe, le président du parti Horizons. Même si le choix d'un premier ministre reste le fait du président de la République, ses alliés ont tenté de s'imposer dans le processus de décision. 

Des "interrogations" sur le choix d'Attal

Au moment où le nom de Gabriel Attal a fait son apparition dans la liste des prétendants au poste de premier ministre, l'étonnement était de prime pour certains macronistes. Un proche d'Emmanuel Macron, contacté par RTL, répondait : "J'ai besoin de temps pour digérer", avant de se prononcer sur le fait de savoir si le ministre de 34 ans était un bon choix. Un député MoDem nous confiait sa surprise. "Peut-être que les autres ont refusé" le poste avant que le nom de Gabriel Attal soit évoqué, a-t-il estimé. 

Ce qui est certain, c'est que Gabriel Attal n'était pas le choix de François Bayrou. "J’ai émis deux interrogations. La première : quitter le ministère de l’Éducation alors qu’on vient d’y rentrer et qu’on a fait naître un espoir était pour moi un problème. La deuxième, c’était celle de l’expérience nécessaire pour être à la tête du gouvernement d’un pays qui traverse de si profondes difficultés", expliquait le président du MoDem auprès du Parisien.

À lire aussi

gouvernement

ÉDITO - La ministre Dominique Faure, "a mis tout son capital politique à la poubelle", selon Alba Ventura

Revendiquant son statut d'homme qui chuchote à l'oreille du président, François Bayrou lui en aurait parlé lors d'un échange téléphonique le 7 janvier dernier, comme l'indique le journal. 

Pour ma part, j'avais plaidé pour le maintien de la première ministre au moins jusqu'aux échéances européennes

Édouard Philippe

Quant à Édouard Philippe, l'ancien premier ministre cultive davantage la discrétion. Un duel à distance a déjà débuté entre Gabriel Attal et lui, depuis que le Premier ministre, a fait son apparition dans le classement des personnalités politiques préférés des Français. À l'époque encore ministre de l'Éducation, il a d'emblée pris la deuxième place, juste derrière Edouard Philippe.   

"Pour ma part, j'avais plaidé pour le maintien de la première ministre au moins jusqu'aux échéances européennes en me fondant sur l'idée qu'il est difficile de changer de Premier ministre si vous ne changez ni de politique, ni de majorité", expliquait-il lors d'un événement organisé par Amundi, plus grand gérant d'actifs européen.

Des précédents

Ce n'est pas la première fois que les alliés macronistes tentent d'influer sur le choix du locataire de Matignon. Avant Gabriel Attal, Elisabeth Borne a été l'objet de doutes de la part de François Bayrou. 

En juin 2022, le maire de Pau plaidait pour un gouvernement d'"union nationale". "Les temps exigent que le ou la Première ministre soit politique. Que l’on n’ait pas le sentiment que c’est la technique qui gouverne le pays mais au contraire les sentiments profonds qui s’expriment dans le peuple", expliquait-il sur France inter. Un tacle direct adressé à Élisabeth Borne, jugée trop techno. 

Quelques mois plus tôt, lors de la nomination d'Élisabeth Borne en mai 2022, François Bayrou a aussi tiré les ficelles en coulisses. À l'époque, le choix d'Emmanuel Macron s'oriente vers Catherine Vautrin. Rebelote lors de la réforme des retraites où le président du MoDem avait indiqué "rien n’a été clairement expliqué", en avril 2023.