Le gouvernement commence cette semaine des consultations pour préparer la loi contre les séparatismes. Une façon de prendre beaucoup de précautions. C’est un long, très long cheminement chez Emmanuel Macron. Il a fallu trois ans pour choisir un mot : séparatisme.
Quand ses conseillers promettaient au début du quinquennat qu’il parlerait de laïcité, Emmanuel Macron répondait : "À travers la laïcité, vous voulez que je parle de l’islam", ce qui lui permettait de ne pas en parler.
Puis est venu le mot de communautarisme, mais le Président le trouvait trop restrictif. On peut être Français et appartenir à une communauté. Et enfin, est donc arrivé ce mot "séparatisme". Le séparatisme de ceux qui veulent s’extraire des lois de la République.
En février dernier, Emmanuel Macron en a fait un discours à Mulhouse, pour parler "avec beaucoup de calme", précisait-il, de lutte contre le "séparatisme islamiste". Les choses étaient enfin dites, après des mois de consultations et de réunions à l’Élysée. Alors, pourquoi repartir encore sur des consultations au ministère de l’Intérieur ?
Entre-temps, la loi contre le séparatisme promise à l’automne est devenu la loi contre LES séparatismes pour ne pas cibler qu’une seule dérive islamiste. La semaine dernière, Marlène Schiappa ministre déléguée en charge de ce dossier au ministère de l’Intérieur y a ajouté sur RTL les dérives sectaires, les intégristes de tout poil jusqu’aux suprémacistes blancs, ceux qui considèrent qu'il y a une race blanche supérieure à toutes les autres.
Il faut donc encore préciser les choses "avec beaucoup de calme" pour reprendre l’expression du Président. Les consultations qui débutent cette semaine doivent permettre de bien faire comprendre le sens du projet de loi. La grande trouille d’Emmanuel Macron, c’est de stigmatiser l’islam et ses croyants dans leur ensemble. Il ne veut pas de simplification, de raccourcis qu’empruntent allègrement une partie de l’opposition.
Il n’y aura donc pas que l’islam qui sera visé. Mais concrètement, ça peut donner quoi ? Contre les sectes ou le suprémacisme blanc, je ne sais pas. En revanche, contre les dérives islamistes, il y a les entorses à l’égalité homme-femme, le financement des écoles coraniques, la déscolarisation, les associations qui font du prosélytisme derrière des activités sportives ou culturelles.
Tout ça normalement est contraire à la loi. Mais il y a une forme de zone grise très habilement exploitée par les prêcheurs de haine. Ceux qui considèrent que les lois de la religion sont aux dessus des lois de la République. Il faut donc faire une nouvelle loi contre ça. Une loi qui s’attaque aux dérives d’une religion l’islam sans s’attaquer à cette religion. Il faut bien encore se donner un peu de temps pour que tout le monde comprenne.