Manuel Valls était tellement pressé d'en finir qu'il a même tweeté : "Loi Macron adoptée" avant l'adoption définitive. Au passage, entre l'image d'un hémicycle désert - il y avait à peine une trentaine de députés - et l'utilisation de ce troisième 49.3, il y a de quoi se poser des questions sur le fonctionnement du Parlement.
Il y a évidemment d'autres questions que l'on se pose. Pourquoi, par exemple, jeudi 9 juillet, le gouvernement a fait voter en catimini un amendement sur l'enfouissement des déchets nucléaires dans cette Loi Macron ? Sans discussion, sans vote. Les Verts qui se disaient encore pro-gouvernement ne le digèrent pas.
Ce qui est d'autant plus étrange c'est que le ministre de l'économie Emmanuel Macron avait retiré cette disposition au motif qu'il voulait ménager les écolos. Étrange aller-retour. C'est comme pour l'amendement sur la loi Évin qui élargit la publicité sur l'alcool. Le ministre avait laissé passer l'amendement auquel il avait promis de s'opposer. Très bizarre.
En tout cas, cette loi n'aura jamais aussi bien porté le nom de loi fourre-tout : du travail le dimanche à l'alcool, en passant par les déchets nucléaires, les autocars, le permis de conduire et les prud'hommes. Il faut avouer que ce n'est pas simple. Espérons toutefois qu'elle simplifie la vie des Français et qu'elle redonne un peu de pouvoir d'achat.
Sur un plan plus politique, cette loi Macron aura aussi fait la démonstration que la majorité à manqué au gouvernement. Surtout que les discussions avaient commencé sur l'air de la concertation, dans un esprit constructif. Le ministre de l'Économie avait été envoyé jour et nuit à l'Assemblée. Et on en arrive à trois 49.3 dans l'année ? Il y a quand même un problème.
Le véritable problème, c'est l'empilement des lois, l'embouteillage législatif
Alba Ventura
On peut gouverner longtemps sans avoir de majorité. Souvenez-vous de Michel Rocard, recordman du 49.3. L'ancien Premier ministre l'avait utilisé vingt-huit fois sur treize textes. En cela, Manuel Valls est son digne héritier. Comme Michel Rocard, sa majorité est tellement étroite qu'il n'a pas le choix.
Surtout, le gouvernement est tellement pressé d'avoir des résultats, qu'il ne peut pas courir le risque de voir une partie de sa majorité lui mettre des bâtons dans les roues.
Il a fallu sept mois pour faire adopter cette loi. Une lenteur législative qui avait agacé François Hollande. C'est bien joli de s'agacer. Mais rappelons que 400 articles ont été discutés dans le texte, alors qu'il en comptait 100 au départ. C'est vrai que 400, c'est assez exceptionnel. Mais regardez la loi sur la transition énergétique : 66 articles, et cela faisait un an qu'elle était sur la table. Le véritable problème, c'est l'empilement des lois, l'embouteillage législatif : il y a 100 textes de plus chaque année.
Dire qu'il faut "réformer", c'est une évidence. L'année dernière, Emmanuel Macron disait : "Nous avons six mois pour réformer". Manuel Valls qui lui avait emboîté le pas, avant de démentir, en expliquant : "Si d'ici trois à six mois, la situation ne s'inverse pas, ce sera foutu". La situation ne s'est pas améliorée. Le leitmotiv reste toujours la réforme. Mais le Parlement est devenu un entonnoir.
Alors il y a des idées qui fusent par ci, par là, comme réduire les temps de parole, accélérer l'application des décrets, faire le tri entre ce qui est urgent et ce qui ne l'est pas, et surtout revoir le fonctionnement des institutions, moderniser l'Assemblée et le Sénat. Le Premier ministre ne cache que ça pourrait être un enjeu de la prochaine campagne présidentielle.
En attendant, François Hollande et Manuel Valls sont devant une équation compliquée. Il faut réformer, faire baisser le chômage et repartir la croissance, alors que le temps de la politique n'est plus adapté à la rapidité de l'économie.
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