Les Républicains : "Le 'C'est la vie !' de Leonetti à l'adresse de Calmels est honteux"
ÉDITO - Les partis politiques sont-ils des entreprises comme les autres ? C'est ce qu'essaient de nous faire croire le patron de LR Laurent Wauquiez et le nouveau-vice président Jean Leonetti, après le limogeage de Virginie Calmels.
Après avoir été virée de son poste de numéro deux ce week-end, Virginie Calmels est retournée au siège des Républicains mardi 19 juin pour débarrasser son bureau et récupérer ses effets personnels. Non seulement on lui avait désactivé son badge, mais on lui a empêché l'accès à l'ascenseur "sur instruction de la direction" et elle a retrouvé ses affaires dans un carton dans le hall d'entrée.
Invité le lendemain matin sur RTL, le nouveau numéro deux du parti Jean Leonetti a réagi ainsi : "Dans le privé comme dans le public, le jour où vous quittez vos fonctions, les moyens pour assumer les fonctions disparaissent. Voilà c'est la vie !". "C'est la vie" ? Et bien non, ce n'est pas la vie !
Cela peut paraitre anecdotique ce que je vous raconte, mais non. En fait c'est scandaleux, c'est honteux. Et c'est dommage parce que Jean Leonetti a eu tout au long de l'interview un discours apaisé - et presque même apaisant - alors que son parti est en pleine tempête. "Mais dire 'c'est la vie !', c'est un peu comme dire 'Circulez, y'a rien à voir', c'est un peu comme dire de manière plus triviale "M'emmerdez pas avec ça !".
Il serait donc dérisoire de se faire "mettre dehors" avec ses cartons et les photos et les dessins de vos enfants. En fait non, c'est brutal. C'est d'une violence extrême.
Et pour couronner le tout, le livre de Valérie Calmels, J'assume, exposé sur un présentoir dans le hall d'entrée des Républicains (comme toutes les autres publications de personnalité politiques), a été bien soigneusement recouvert par d'autres livres. C'est pas la grande classe !
Mode de management grossier
Quand on s'attaque à sa hiérarchie, on prend des risques ? C'est ce que dit Guillaume Peltier, le numéro 3 de LR. Pour lui, ce sont des "méthodes assez répandues dans l'entreprise". Et il ajoute : "Il ne faut jamais s'étonner des conséquences quand on est soi-même la cause".
C'est vrai que ça existe dans les entreprises. C'est d'ailleurs un sujet que l'on traite souvent à travers la souffrance au travail, le burn-out. Mais on n'est pas obligé de virer les gens comme des malpropres. On n'est pas obligé d'avoir un mode de management grossier.
Et pardon, mais un désaccord politique doit-il forcément se solder par de la brutalité, de l'humiliation, des brimades ? Les partis politiques, ce ne sont pas des tribus de Vikings ! Encore que...
Laurent Wauquiez, ce n'est pas le maître du monde qui a pouvoir de vie et de mort sur les autres. Cela montre en tout cas l'impuissance de ce parti à gérer les conflits, les divisions, la fragilité dans la pratique collective.
Wauquiez a l'image du goujat revanchard
Laurent Wauquiez, c'est l'arroseur arrosé. Et pourtant, loin de moi la volonté de faire de Virginie Calmels une victime. Je pense qu'elle le fait très bien toute seule, et qu'en tant qu'ancienne chef d'entreprise elle a dû connaitre ce genre de pratiques.
Mais voyez-vous, là où Laurent Wauquiez a tort, et là où il manque terriblement de finesse, c'est que non seulement son comportement permet à Virginie Calmels de se conforter dans ce rôle de la victime, de celle qu'on maltraite, mais ça donne de lui l'image du goujat, du revanchard. Et il n'avait pas besoin de ça. Mais bon, c'est la vie !
