"Le Média" : 4 questions sur l'initiative lancée par la France insoumise

Pendant la campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon préférait YouTube aux médias. Le candidat expliquait vouloir être en contact direct avec ses électeurs. Devenu depuis leader de la France insoumise, il a émis l'idée de lancer un média citoyen. Celui-ci serait généraliste, gratuit et mélangera à la fois l'écrit et l'audiovisuel. Le projet est concret puisqu'il verra le jour le 15 janvier prochain.

Baptisé Le Média, il est défini comme étant "citoyen et indépendant". Même si Jean-Luc Mélenchon en est à l'origine, ce projet sera piloté par Aude Rossigneux, qui en sera la rédactrice en chef. Invitée sur Franceinfo le 29 septembre dernier, elle assure que "ce ne sera pas le média de Jean-Luc Mélenchon. Il y a une confusion qui existe depuis le départ. Car Jean-Luc Mélenchon annonce qu'il va transformer son site ou son blog en site d'information, en chaîne d'information. Par ailleurs, il y a des proches de Jean-Luc Mélenchon, mais pas seulement, qui lancent un média citoyen et indépendant. Ce sont deux choses différentes".

1. Qu'est-ce que "Le Média" ?

Dans Quotidien sur TMC, Sophia Chikirou, conseillère en communication de la France insoumise, et Aude Rossigneux racontaient les prémices du projet. "J'ai été contactée par Sophia. C'est une proposition qu'on ne peut pas refuser. On se connaissait avant. Je suis journaliste politique depuis un moment, je n'ai jamais caché mes convictions", explique la rédactrice en chef. 

La conseillère en communication de la France insoumise se veut rassurante : "L'une de ses premières exigences c'était l'indépendance de la rédaction (...) On va construire un modèle économique, l'idée c'est aussi d'innover dans ce domaine. On veut qu'il soit gratuit, parce qu'il doit atteindre des gens en dehors de la France, en Belgique, au Canada, en Afrique et au Maghreb. On tient vraiment à la gratuité des contenus".  

Pas question pour Le Média de se placer en concurrence avec les chaînes de télévision traditionnelles. "On veut faire quelque chose de différent (...) Le rendez-vous est à 20 heures, tous les jours de la semaine. Ce sera un journal d'information quotidien. Cette tranche est une symbolique dans l'espace médiatique", détaille Sophia Chikirou.

2. Quels financements ?

"Le média des gens". Voici comment l'équipe à la tête du projet voit les choses. Sophia Chikirou précise qu'ils pourront "en devenir propriétaires". Comment ? "En achetant des parts sociales. Et donc au lieu d'avoir quelque investisseurs, on en aura une multitude", ajoute-t-elle. Les mises en vente des parts débuteront le 11 octobre. 

La possibilité de financements via des mécènes a aussi été abordée. "Ça ne vous donne aucun droit, si ce n'est celui de donner, de le faire dans un but philanthropique. On sera transparent sur cela", explique la directrice de la communication de la France insoumise.  

3. Comment vont être recrutés les journalistes ?

Aude Rossigneux assure recevoir beaucoup de candidatures de journalistes : "On ne va pas les chercher. Ils viennent tous seuls. Je reçois des CV tous les jours. On va discuter avec eux et voir s'ils adhèrent au manifeste que l'on fait signer sur Change.org". 

De son côté, la conseillère en communication de la France insoumise indique que ce média s'inscrit dans "la volonté d'être coopératif et de travailler avec beaucoup de gens. Des médias indépendants, il en existe énormément (...) Cet écosystème existe. On pourra acheter des sujets ou en commander. On veut faire un journal d'informations. Pour le moment, on n'aura pas de journaliste d'investigation, de reporter mais on va collaborer avec des professionnels. Nous aurons des correspondants".

Le Média ne sera pas Médiapart, prévient d'emblée la rédactrice en chef. "Ce n'est pas notre propos. On veut faire de la pédagogie (...) On veut sortir un peu de cette dictature de l'urgence, on a envie de vouloir prendre le temps et on ne se l'interdira pas", précise la rédactrice en chef. 

4. Et Jean-Luc Mélenchon dans tout cela ?

Selon Aude Rossigneux, "la gauche progressiste n'a pas son média audiovisuel. On trouve que ça manque et on avait envie de faire un média ouvertement engagé et non pas militant. On veut d'abord faire de l'information (...) Je suis de gauche, engagée mais je ne suis pas là pour faire du journalisme militant mais je ne vais pas me cacher d'être de gauche". 

"Ce média est appuyé, soutenu et encouragé par tout le champ politique des progressistes, de Philippe Poutou à Arnaud Montebourg. Ils vont avoir une expression et une présence dans ce média", défend Sophia Chikirou, qui assure une indépendance éditoriale totale. 

Dans une tribune au Monde le 25 septembre dernier, "un collectif de personnalités politiques, de la société civile et du spectacle" appelaient à la création de ce média "alternatif éloigné du modèle économique dominant". Parmi eux figurent Josiane Balasko, Laurent Baffie, Bruno Solo, Karl Zéro, Gérard Miller mais aussi Arnaud Montebourg, Raquel Garrido, Thomas Guénolé, Eva Joly ou encore François Ruffin. 

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