Le FN prêt à s'inspirer du décret anti-musulmans de Trump ?
Certains cadres du parti ne seraient pas hostiles à ce que Marine Le Pen prenne une telle mesure, si elle arrivait au pouvoir.

Donald Trump est-il une source d'inspiration pour le Front national ? En tout cas, son dernier décret, le "Muslim ban" comme l'appelle ses détracteurs, fait des émules chez certains cadres du parti. Le 27 janvier, le Président américain signait un décret interdisant durant trois mois l'entrée sur le territoire américain à des ressortissants de sept pays musulmans. Donald Trump dit avoir pris ce décret pour empêcher la venue de terroristes islamistes radicaux sur le sol américain.
Depuis, la polémique ne retombe pas et les pétitions contre lui et sa politique se multiplient. L'une d'entre elles a déjà réuni plus de 4 millions de signatures. Mais en France certains membres du Front National semblent comprendre la décision de Donald Trump, au point d'envisager l'application d'une ordonnance similaire.
On est dans un monde horrible, donc de temps en temps il faut prendre aussi des mesures d'autorité, quitte à choquer
Steeve Briois
C'est Steeve Briois qui s'est manifesté le premier. Lundi 30 janvier, l'AFP lui demande si une telle mesure pourrait être adoptée si Marine Le Pen devenait présidente. Sa réponse ne se fait pas attendre : "Et pourquoi pas ? On n'est plus dans le monde des 'Bisounours'. On est dans un monde horrible, donc de temps en temps il faut prendre aussi des mesures d'autorité, quitte à choquer", explique le maire de Hénin-Beaumont, également membre de l'équipe de campagne de Marine Le Pen. Il rajoute néanmoins que "c'est malheureux pour ceux qui n'ont rien à voir avec cela...".
Dans la même journée, Gilbert Collard, secrétaire général du Rassemblement Bleu Marine défend lui aussi le décret pris par Donald Trump sur l'antenne de LCI : "Je m'étonne qu'on s'émeuve de la décision de Trump alors que 17 pays, peut-être même plus, interdisent aux Israéliens de rentrer chez eux. Personne ne s'en est indigné. Personne n'a manifesté, et c'est objectivement scandaleux. Le seul reproche que je ferais à Trump sur la mesure qu'il a prise, c'est la rétroactivité (…) Mais qu'il ait pris la liste des pays signalés par Obama comme très dangereux, et qu'il ait décidé d'organiser des mesures d'interdiction, il tire les conséquences logiques du constat fait par Obama", explique le député apparenté Front National.
Mais l'avocat émet tout de même quelques réserves : "Peut-être qu'il aurait pu amoindrir son décret en soumettant l'interdiction à des conditions. Je pense que c'est ce que j'aurais fait pour qu'il n'y ait pas une application générale, parce que ça aussi, en tant que juriste, ça ne me plaît pas trop" ajoute Gilbert Collard.
David Rachline n'exclut rien
Contacté par le Lab, David Rachline explique que la mesure ne figurera pas au programme présidentiel de la candidate, mais ne tire pas un trait définitif sur le projet. Si la situation l'exigeait une fois élue, Marine Le Pen pourrait prendre une décision semblable, "via l'équivalent des décrets américains, c'est-à-dire des ordonnances", selon le maire de Fréjus.
Mais mardi 31 janvier, David Rachline a souhaité revenir sur ses propos de la veille, sur Sud Radio : "Nous ne comptons pas dupliquer la politique de Monsieur Trump en tout point, je vous le dis de manière extrêmement claire. Mais pour autant nous sommes sensibles aux sujets de sécurité intérieure. (...) Nous proposons de rétablir notre souveraineté pour pouvoir contrôler qui est sur notre territoire, pas forcément en fonction des pays desquels ils viennent particulièrement", a tenu à préciser le directeur de campagne de la candidate frontiste.