On leur reproche trop souvent de rester cloisonnés dans leurs bureaux d'élus. Pour contrer ces accusations, le député socialiste de l'Isère Erwann Binet a choisi d'aller à la rencontre des mécontents de sa circonscription. Il a invité les voisins de deux villages à venir se déchaîner sur lui plutôt que dans les urnes. Une manière de comprendre, à un peu plus d'un an de la présidentielle, pourquoi les gens ne votent plus ou votent pour le Front national.
À Serpaize, un village péri-urbain de moins de 2.000 habitants situé à une trentaine de kilomètres au sud de Lyon, une petite quarantaine d'entre eux a fait le déplacement. Ici, le Front national est devenu le premier parti. La série des questions-réponses proposée par le député commence. "Vos impôts ont plus que doublé et ce n'est pas normal", s'énerve une habitante. "Je ne suis pas spécialiste de fiscalité, répond, gêné, le député. Effectivement il y a eu un micmac technique, ça a été un couac incroyable, j'ai eu un peu honte quand même". Cette première réunion s'annonce laborieuse. Mais Erwann Binet n'est pas au bout de ses peines, il a prévu d'en organiser une dizaine.
Dans le contexte actuel de tensions, la loi Travail portée par la ministre Myriam El Khomri est étonnamment peu évoqué dans l'échange entre l'élu et ses invités. Le projet de loi n'est pas discuté comme tel, mais plus simplement, en filigrane : "Peut-on être un petit peu optimiste sur la question de la baisse du chômage ?", interroge alors, timidement, l'une des femmes présentes.
Dans la salle communale, surplombée par un portrait de François Hollande, les langues se délient et les habitants confient leur sentiment d'être moins considérés que les grandes villes. L'Europe est vilipendée une bonne partie de la soirée, notamment sur la question agricole. Tous rêvent de patriotisme économique et de protectionnisme. À l'issue de ces rencontres, Erwann Binet l'a promis : il transmettra ces doléances au président de la République.
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